Blues, Rhythm 'n' Blues, Swing |

Deux ans après avoir surpris son monde avec l’acclamé “Feelin’ So Fine” (chroniqué ICI), le guitariste, chanteur et producteur toulousain Bernard Sellam remet donc le couvert avec ses Boyz From The Hood. Inutile de rappeler le CV du lascar (près de trois décennies à tourner et enregistrer de par le monde au sein de son combo d’origine, Awek, chroniqué ICI, ICI, ICI, ICI, ICI, ICI, ICI et ICI). Depuis son nouveau départ, ce bon Bernard a clairement opté pour ce swing & jump rhythm n’ blues cuivré des fifties américaines que prônaient jadis des ensembles tels que ceux de Louis Jordan, Roy Brown, Charles Brown, Nappy Brown, et bien sûr ceux des immenses JB Lenoir et T-Bone Walker. C’est justement ce dernier qu’évoquent directement des séquences telles que “Long Long Time”, tandis que la plage titulaire (le boogie de la basse-cour) et “I Can Quit” renvoient à la veine de Wynonie Harris et Eddie Vinson, ainsi qu’aux frangins Joe et Jimmy Liggins. Les cuivres (Franck Mottin, sax ténor, et David Cayrou, sax baryton) s’y époumonent à loisir (d’autant qu’ils sont rejoints sur deux titres par pas moins de trois trompettistes, autant de trombonistes et encore deux saxophonistes supplémentaires). Outre leur pianiste régulier (Damien Daigneau), nos amis s’adjoignent à deux reprises le non moins excellent Thierry Ollé, et au milieu de cet aréopage, les six cordes de Bernard s’ébrouent comme le ferait un alligator au cœur de son marigot. Celui-ci pastiche les débuts de Little Richard à New-Orleans avec un “Weeping And Lying” rappelant l’effréné “Good Golly Miss Molly”, tout en y citant carrément daddy Chuck sur les choruses (et le Link Wray’s “Rumble” sur la coda). Quitte à arpenter la Crescent City, le “Cry On My Pillow” qui suit ranime le Guitar Slim de “Things I Used To Do”, selon la même ligne claire que devait célébrer quelque temps plus tard son plus grand émule, Jimmie Vaughan (cf. le solo de gratte en forme d’orage inopiné). L’instrumental “Blue Jean Shuffle” (de Plas Johnson), le “Nola Blues/Same Old Blues” (que co-signe David Cayrou) et “Let’s Have A Ball Tonight” (signé Sellam) inclinent pour leur part vers de purs big horn bands tels que ceux que pilotèrent en leur temps Ray Charles, Count Basie et Cab Calloway. Les robes à crinoline virevoltent en rythme, et les pas des danseurs s’ajustent à ce tourbillon qui les emporte. Les mambos “Everything Will Be Alright” et “Shy Pretty Woman” renvoient quant à eux au registre actuel du grand James Hunter. “You Don’t Know” nous promène ensuite entre le Texas et Kansas City (territoires que Bernard connaît d’autant mieux qu’il y a alternativement tourné et enregistré), et c’est sans doute la plage dont le style s’apparente le plus à sa formation précédente. Retour au jump avec l’enjoué “I Can’t Believe”, où Bernard pastiche avec goût et talent l’immense Tiny Grimes, avant de lâcher la bride à ses saxes en folie. Lesquels récidivent avec brio sur un “Good Luck” que l’on jurerait écrit et composé à San Francisco en 1954. En guise de conclusion, une reprise du “Broke And Lonely” de Johnny Otis et Johnny Guitar Watson ferme le ban en feu d’artifice boogaloo. Avec ce second essai, Sellam et ses Boyz du quartier font mieux encore que confirmer la pertinence de leur démarche: ils sèchent carrément la concurrence sur place!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 29th 2025
Follow PARIS-MOVE on X
::::::::::::::::::::::::::
Sortie le 10 juillet, lors du Festival Blues de Cahors