ATUA BLUES – Two Roots

Dixiefrog
Bluegrass, Gospel, Soul
ATUA BLUES - Two Roots

C’est bien connu, le blues est une grande famille, et les partenariats s’y jouent des frontières comme des langues. Il suffit pour s’en convaincre de citer les récentes collaborations de l’anglais Giles Robson avec l’américain John Primer (chroniqués ICI), ou encore de nos Awek et Freaky Buds avec Kid Andersen (respectivement chroniqués ICI et ICI). Mais cette fois, c’est carrément à un deal trans-antipodes que l’on assiste, puisque l’émérite David Noël, chanteur des SuperSoul Brothers français (chroniqués ICI, ICI et ICI) et le bluesman maori Grant Haua (chroniqué ICI, ICI et ICI) se sont rencontrés à l’occasion de l’enregistrement de l’album de la compatriote de ce dernier, la chanteuse néo-zélandaise Delayne (chroniquée ICI). Il va sans dire que l’appartenance commune de ces artistes au french blues label n°1, Dixiefrog, a certainement facilité ces rapprochements, et que les technologies actuelles (permettant l’échange de fichiers sonores à l’échelle planétaire) ont fait le reste. C’est avec le concours de Tim Julian (basse, claviers et percussions) et du batteur James Bos que nos comparses ont ainsi élaboré ces onze titres, soutenus ponctuellement pas les backing vocals de Tara Julian et l’orgue de Julian Stantau (lui aussi SuperSoul Brother), qui entame l’album sur une cover du traditionnel “Amazing Grace”, que chante son ami David avec le soul feeling qu’on lui connaît. Passé son introduction churchy de rigueur, cette plage prend une irrésistible tournure gospel-funk quand la section rythmique entre en jeu, et que les timbres de David et Grant s’y rejoignent, tandis que les six cordes de ce dernier délivrent un chorus sensible. L’enlevé country bluegrass “River Blues” cède le lead vocal à Grant (David y prenant à son tour les chœurs), rappelant aux fidèles du label que Dixiefrog publia à ses débuts maints hérauts contemporains de ce genre, désormais affilié à l’americana. Noël reprend le micro pour le non moins funky “Hard Lovin’ Woman” (que les six cordes de Haua persistent à ancrer dans ce mix de blues et de country où excellaient jadis Don Nix, Bobby Whitlock et J.J. Cale), et le conserve pour la touchante ballade “I Get The Blues”. Avec son rythme et son orgue bluebeat, “Suck It Up” précède un “No Competition” que n’aurait assurément pas renié le regretté Robert Palmer à la fin des seventies: le parfait alliage de blue eyed soul énergique à même de cartonner en radio. “Rose” perpétue ce Tulsa sound que Clapton s’escrima tant à assimiler au temps de son “461 Ocean Boulevard”, et que l’on retrouve avec plaisir sur “Fisherman”. Plus gospel que jamais, “Who’s Gonna Save My Soul” et “What Have We Done” voient nos protagonistes recréer la magie des regrettés Holmes Brothers avant que, contredisant la set list indiquée, ils ne concluent sur une reprise des plus convaincantes (et bilingue) du “My Sweet Lord” de George Harrison (qui valut voici un demi-siècle à ce dernier un retentissant procès pour plagiat). Un disque de haute tenue, transpirant la fraternité, l’échange et la joie de jouer à chaque sillon (fût-il numérique).

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 28th 2025

Follow PARIS-MOVE on X

::::::::::::::::::::::::::