The SuperSoul Brothers Band – Shadows & Lights

Dixiefrog / PIAS
Soul
The SuperSoul Brothers Band

Dixiefrog demeure sans doute le label français qui sut le mieux capter l’essence des musiques américaines dans toute leur diversité. Depuis que le séminal couple Langlois et Alain Rivet (son noyau fondateur) leur ont passé le relais, ses dirigeants actuels semblent bien déterminés à en perpétuer l’esprit, puisqu’ils persistent à dénicher et promouvoir de nouveaux talents dans ce registre exigeant. Étonnamment, ce sextette ancré dans une soul bon teint ne nous vient ni de New-York, ni de Detroit ou Memphis, mais de notre Sud-Ouest français. Et dès les emballants “Don’t “Lockdown” Your Heart”, “How Shall We Dance Life?”, “Common People” et “Rose”, par delà leur impressionnante cohésion et leur maîtrise manifeste du vintage sound (Hammond B3, piano et cuivres à l’appui), la confondante similitude du timbre vocal de David Noël avec celui du regretté Otis Redding saute aux tympans. “Only Love” et la plage titulaire suintent tellement leur Daptone sound que l’on croirait y ouïr des inédits de Sharon Jones et de Lee Fields and The Expressions. “Comin’ Home Baby” emprunte pour notre bonheur à la veine néo-rétro d’un James Hunter (avec ce soul-twist beat que prise tant le soul brother de Colchester). La ballade demeure l’épreuve de vérité pour tout impétrant au rang de soul shouter certifié. David Noël et le pianiste Julien Stantau s’acquittent de ce challenge avec brio, par la grâce de leur bouleversante adaptation du “Please Forgive My Heart” de Bobby Womack et Damon Albarn. Si son écoute ne vous hérisse pas les poils à la perpendiculaire, c’est que vous êtes totalement imberbe… “Sookie Sookie” (au titre translucide) parvient à rendre un hommage simultané à Mitch Ryder et à Wilson Pickett, en restituant le shake de ruche en folie du “Land Of 1000 Dances” de ce dernier. Cette fois, si vous ne vous déhanchez pas éperdument en jerkant le hully-gully, vous devez être tétraplégique ! Avec son Farfisa zinzinant et son twist-beat obstiné, “Do The Soulfood!” évoque la rencontre explosive des Fleshtones et des B-52’s, tandis que l’hymne “Supersoul” ranime à point nommé les ombres juxtaposées de Sam & Dave. La terrassante transposition du “Heroes” de David Bowie en cavalcade façon “Joe Tex meets The Commitments” achève d’emporter l’adhésion: ces types possèdent assurément le mojo, la patte de tigre et le tirelipimpon. Bref, ils ont si bien assimilé les moindres arcanes des styles qu’ils abordent que l’on jurerait qu’ils sont tombés dedans étant petits. Wow!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 10th 2021

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A peine les premières notes jouées que l’on se retrouve immergé dans les années de notre adolescence! Ce qui n’est pas étonnant quand on apprend que les 6 musiciens sont aficionados des labels de Memphis et des immenses artistes qui en sont issus: HI – Records, 1957, Stax, 1958, ou Goldwaw, 1964. Rien d’étonnant donc à ce que des similitudes avec les morceaux interprétés par Eddie Floyd, Otis Redding, Sam and Dave, Booker T & the M.G’s, the Bar – Kays ou the Mar – Keys soient légions. On ne peut s’empêcher d’établir également des parallèles avec les groupes de Tamla Motown de Detroit ou Fame de Miscle Shoals, Alabama. Ceci dit, comme il s’agit d’un superbe hommage à la fameuse Southern Soul, braquons davantage les projecteurs sur Memphis, Tennessee. The SuperSoul Brothers Band estt composé de David Noël, compositions et chant, Ludovic Timoteo, basse et choeurs, Fabrice Seny-Couty, batterie et choeurs, Pierre-Antoine Dumora, guitares et choeurs, Julien Stantau, clavierx (orgue, piano) et choeurs, Julien Suhubiette, slide trombonne et choeurs. Ils ne viennent pas de là où coule le Mississippi mais ils sont proches du Gave de Pau. C’est leur passion pour cette musique qui vient de l’âme et du coeur qui les a fait se réunir dès 2016. C’est en respectant l’esprit qui prévalait à l’époque qu’ils ont composé et enregistré leurs titres: 9 sont des compositions originales et l’on retouve également une interprétation d’un titre de B. Dorough et B. Tucker, une de D. Albarn et B. Womacck et une de D. Bowie et B. Eno. Ils ont choisi de scinder l’opus en deux parties: une partie sombre, “Une société sans âme est une société qui a un côté sombre”, et une partie lumineuse, “Le côté clair représente l’ouverture sur l’extérieur”. Au total, 12 morceaux qui ne peuvent que jouer un rôle salvateur par les temps actuels. Le clin d’oeil au son analogique rappelle l’époque des vinyles. Souhaitons qu’ils se dansent de la même manière que dans les boîtes où on allait plus jeunes, ou dans les juke-joints américains.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 26th 2021

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