GRANT HAUA – Mana Blues

Dixiefrog / PIAS
Blues-Rock, Soul
GRANT HAUA - Mana Blues

Désormais pratiquement aussi reconnu dans notre pays que d’autres exilés culturels notoires tels que Neal Black, Popa Chubby, Elliott Murphy ou les regrettés Calvin Russell et Willy De Ville, le bluesman maori Grant Haua a trouvé refuge auprès de la dernière de nos grandes franchises françaises (depuis la disparition de Patrick Mathé et Marc Zermati), la bien nommée Dixiefrog. Il ouvre cette nouvelle livraison par le furieux “Pukenahina”, célébrant une victoire historique de ses compatriotes natifs néo-zélandais contre l’armée coloniale britannique. D’inspiration hendrixienne cette plage le présente entouré de l’une de nos paires électriques les plus intrépides, Laurent Lacrouts et Mathieu Jourdain (aka The Inspector Cluzo). Et le ton de l’album est donné: l’énergie prime, sans renoncer le moins du monde au groove pour autant. Ainsi des irrésistibles “Billie Holiday”, “Blame It On A Monday”, et “Good Stuff”, que Grant co-signe avec ses acolytes réguliers (le claviériste et co-producteur Tim Julian, le batteur Jeff Nilsson et le bassiste Brian Franks), et qui n’auraient sûrement pas déparé le répertoire de Thin Lizzy au temps de sa splendeur. La couleur du blues, le swing du funk et l’énergie du rock, a-t-on déjà goûté cocktail plus capiteux? C’est en tout cas la meilleure occasion qu’il nous ait été offert à ce jour d’apprécier en studio la flamme, le feeling et la maestria de Grant sur six cordes électrifiées. L’ombre du grand Jimi plane à nouveau sur l’envoûtant mid-tempo “Jealousy” (qui partage avec le “Little Wing” de ce dernier l’influence du géant Curtis Mayfield), ainsi que sur l’adaptation du “Time Of Dying” de Blind Willie Johnson (qu’avait également repris Led Zep en son temps). Blues in my soul, baby, à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse, comme en attestent le tendre “To Be Loved”, le désopilant “Aches” (évoquant la grande époque d’Otis Redding – et pour le second, les affres du grand âge) et le funky NOLA R&B “Bad Mofo”. Dénonçant tous les génocides, le poignant “Embers” pourrait figurer au frontispice du Tribunal International de La Haye, ainsi qu’en préambule aux réquisitoires contre chacun des psychopathes mégalo et suprémacistes de leur temps, coupables devant l’Humanité du calvaire de millions d’innocents… Osons l’écrire: après quatre albums l’ayant fermement établi en tant qu’artiste solo à part entière, voici Grant Haua parvenu à son apogée. Son meilleur, à coup sûr! Indispensable (deux fois)!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 23rd 2023

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Les hostilités sont ouvertes dès les premières notes! Le Sorcier blues Maori les ouvre en compagnie de The Inspector Cluzo et cela tape fort.Il faut dire que le Duo landais Laurent Lacrouts, guitare et chant, et Mathieu Jourdain, batterie, n’est pas venue faire de la figuration quand bien même serait-elle intelligente. Et parce qu’il s’imprègne de l’air du temps, en cette année de Coupe du Monde de rugby, le maori Grant Haua souhaitait “marquer le coup” avec une pochette faisant le lien entre 2 univers qui le passionnent: celui de la musique et le rugby. Le tirage de langue, les yeux exorbités se retrouvent dans le fameux Haka dont nous gratifient les All Blacks avant chaque match. Cette initiative lui appartient en propre et je la respecte en tant que telle, mais je n’ajouterai aucun commentaire, Coupe du monde de rugby, de football ou autres JO étant beaucoup trop éloignés de mes préocupations terrestres… Et je pense que d’autres sujets mériteraient beaucoup plus d’attention. L’artiste en est d’ailleurs parfaitement conscient puisqu’il n’hésite pas non plus à évoquer d’autres problématiques avec cet album. Car il a précisément l’intelligence de profiter de l’occasion pour aborder justement d’autres thématiques plus terre à terre… Le premier titre, Pukehinahina, par exemple, est justement la célébration d’une victoire des locaux néo-zélandais contre l’armée coloniale britannique, et c’est donc un titre puissant et rageur (ce qui est logique, en fin de compte). Il s’adjoint la compagnie de Aramahou Ririnui pour dire la Karakia, incantation ou prière utilisée comme salutation formelle au début d’une cérémonie. Et les musiciens qui accompagnent Grant sont tout aussi performants: Tim Julian, claviers et coproducteur, Jeff Nilsson, batterie, Brian Franks, basse. Le passage de l’acoustique à l’électrique est plutôt convaincant. Cela rajoute encore du punch au chant de Grant qui mérite amplement le qualificatif de bluesman… et maori, qui plus est! Qu’il s’agisse de chanter l’amour, Jealousy, To Be Loved, ou le respect des grands noms, Billie Holiday, Bad Mofo, la fabuleuse reprise de My Time Of Dying de Blind Willie Johnson que Led Zeppelin avait déjà reprise, les douleurs quotidiennes de l’âme et/ou du corps, Aches, Blame It On Monday, ou tout simplement la recherche des choses simples, Good Stuff. Bref, tout ce qui fait l’alchimie d’un album magnifique et qui confirme que Grant Haua fait définitivement partie de ces artistes qui ont ce “petit truc en plus” qui n’appartient qu’aux plus grands.
Laissons lui la parole: “Ceux qui sont familiers de ma musique remarqueront que cet album est bien différent de mes précédentes productions que j’avais composées principalement à la guitare acoustique. Etant de la génération X, toutes ces chansons sont fortement influencées par cette période que je considère, et de loin, comme la meilleure dans l’histoire du rock. Mon ADN musical est définitivement construit autour de cette période. “Pukehinahina” et “Embers”, les 2 titres de l’album parlant de la guerre, sont aussi pour moi une grande nouveauté en tant qu’auteur. “Pukehinahina” me transporte littéralement et nul doute que la contribution de Mathieu et Laurent de The Inspector Cluzo ne fait que rajouter à la rage de ce titre. Concernant “Embers”, lorsque j’ai visité en mars 2022 le Mémorial de Caen, j’ai ressenti un incroyable mélange de tristesse, de perte, mais aussi de fierté, de crainte et de respect envers tous ces hommes qui sont tombés là, pas mal d’entre eux étant aussi de mes ancêtres.”
En somme, tous les ingrédients sont réunis pour que cet album soit un pur chef d’oeuvre! Un compositeur qui écrit avec le coeur, un musicien qui joue l’âme à nue, des musiciens “possédés”… Espérons que les médias mobilisés pour l’événement sportif n’oublieront pas, eux aussi, de mentionner le songwriter dans leurs compte-rendus!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 7th 2023

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En tournée :

07/09/2023 : Le 17, Dampierre-en-Yvelines (solo)
22/09/2023 : La Distillerie, Le Puy-en-Velay (w/ Neal Black & band)
23/09/2023 : Jazz Club Étoile, Paris (w/ Neal Black & band
25/09/2023 : Solothurn, Suisse (w/ Neal Black & band)
29/09/2023 : Blues In Athena, MJC Centre Culturel, Saint-Saulve (w/ Neal Black & band)
01/10/2023 : Le Groovy, Freyming Merleback (solo, en première partie de Cutting Crew)
04/10/2023 : Thelonious Café, Bordeaux (solo)
06/10/2023 : Zygo Bar, Nantes (solo)
13/10/2023 : La Maroquinerie, Paris (solo, en première partie de The Silencers)
14/10/2023 : Le Grillen, Colmar (solo, en première partie de The Silencers)
15/10/2023 : Chez Paulette, Pagney Derrière Parine (solo, en première partie de The Silencers)
26/10/2023 : Dampierre en Yvelines (solo)