| Blues, Folk, Soul |
Qu’il s’agisse du funk du “Beetlejuice” d’ouverture (clavinet vintage à l’appui), ainsi que de celui de “Shame On You” et “The Burn” (entre Sly Stone et Keziah Jones), du diddley-beat façon Johnny Otis de la plage titulaire, du “Little By Little” de Gordon Mills (dont Buddy Guy et Junior Wells firent en leur temps leur étendard), ou encore de son “Billie Holiday” rock n’ soul, le premier album de la chanteuse Maori Delayne Ututaonga porte haut et fort l’héritage tutélaire de vocalistes majeures, au premier rang desquelles on distingue sans difficulté les grandes Chaka Khan, Candy Staton et Tina Turner. C’est particulièrement flagrant sur les quasi-gospel “Small Change/ Paî Take”, “Payin’ Dues” et “Please”, où Delayne duettise avec David Noël des Supersoul Brothers. Produit (et en grande partie composé) par son compatriote Grant Haua (dont nous avions chroniqué le Awa Blues ICI), cet album brille non seulement par ses compositions et son interprétation (toutes remarquables), mais également par la qualité de ses arrangements. Si le CD promo dont nous disposons n’en détaille pas le line-up, il faut néanmoins souligner l’excellence des musiciens impliqués (ne serait-ce que la section rythmique, les choristes et les claviers), parmi lesquels Haua tire magistralement son épingle du jeu aux six cordes. L’adaptation de son propre “To Be Loved” en dialecte traditionnel Maori mérite à elle seule le détour, mais tout est convaincant sans restrictions dans ce magistral premier essai. À ceux qui en douteraient encore, la Polynésie démontre à nouveau que le blues demeure bien l’espéranto de nos temps troublés.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, January 11th 2023
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Elle avait déjà donné de la voix sur le morceau “This Is The Place” de l’album Awa Blues de Grant Haua, ainsi que sur son album Live Ora Blues at The Chapel. Elle est retournée en studio, cette fois-ci, pour enregister son propre album, produit et composé par Grant Haua, et ce, malgré la crise sanitaire. 7 compositions sont d’ailleurs signées Grant Haua lui-même. Elle reprend également un traditionnel qui donne son titre à l’album, “Karu”, signé Rob Paterson, un Small Change/Pai Take traduit Huinga Cossie en Maori, par Delayne Ututaonga en personne, et un titre composé par Gordon Mills, auteur compositeur anglais (1935 – 1986). On remarque que Delayne va jusqu’à faire traduire par Aramahou Ririnui une composition de Grant Haua, “To Be Loved”, en maori, car elle revendique haut et fort son appartenance à la culture maori et la nécessité pour elle de la faire connaître sur la scène internationale. Elle interprète en duo un formidable Billie Holiday en compagnie du compositeur du titre qui n’est autre que Grant Haua lui-même, ainsi que “Please” du même compositeur en compagnie de David “Nono” Noël, chanteur des Supersoul Brothers. Un album intimiste et personnel riche en émotions. Rien n’est indiqué sur la pochette concernant les musiciens qui accompagnent le dame, et c’est bien dommage, car ce sont de très bons, et qui mériteraient une petite citation. Dixiefrog, label qui nous a déjà fait découvrir Natalia M. King ou Kaz Hawkins, continue de nous faire connaître des Grandes Dames pleines de talent, et c’est très apprécié. Une initiative à encourager et à prolonger, s’il vous plait!
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, January 20th 2023
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https://www.youtube.com/watch?v=hdo0TeGuX4A