THE SUPERSOUL BROTHERS – By The Way

Dixiefrog / PIAS
Soul
THE SUPERSOUL BROTHERS - By The Way

Comment conjurer le proverbial syndrome du délicat second album, après un premier qui s’avéra décisif (chroniqué ICI)? Réponse: en publiant un live à la place (chroniqué ICI)! Moralité (pour ceux qui suivent), la troisième livraison de cette formation paloise n’est bien que leur seconde en studio depuis l’automne 2021. Hormis un changement de batteur en cours de sessions (choses qui arrivent, et Fabrice Senty-Couty n’en officie pas moins sur les 2/3 des plages), le sextette originel s’augmente ici d’un quarteron de cuivres additionnels (en complément du tromboniste à coulisse titulaire, Julien Suhublette). Seule reprise au tableau, “Heart Made Of Stone” (à l’origine un reggae des Viceroys, produit en 1980 par le tandem rythmique Sly Dunbar & Robbie Shakespeare) côtoie onze originaux signés collégialement de la plume collective du band. Dès le “Toy Party Time” d’ouverture, la basse élastique et l’orgue Hammond B3 propulsent un funky beat généreusement cuivré, sur lequel rebondissent comme au trampoline les vocaux mêlés de l’imposant David Noël et de Claire Rousselot-Paillez (tous deux co-paroliers en titre). Après cette pétaradante entrée en matière, la plage titulaire propose un apaisant contraste en forme de soul-holler, alternant couplets d’une puissance retenue et refrains en crescendo, pour ménager un écrin délicat au splendide solo de piano électrique de Julien Stantau. Le bien intitulé “Gimme Some Soul” résonne comme la profession de foi qu’il énonce. Sous le vent croisé des cuivres et du B3, c’est toutefois la guitare de Pierre-Antoine Dumora qui y tire son épingle du jeu, tandis que les questions-réponses entre lead et backing vocals y perpétuent l’un des canons perpétuels du genre. Plus Maceo Parker que nature, le bondissant “Time Is Right” n’aurait pas non plus déparé le répertoire du Style Council des débuts, avec cette touche Northern-Soul qu’affectionnait tant la scène acid-jazz post-mod revival (Galliano, James Taylor Quartet). Avec son beat à la Equals (“Baby Come Back”, “Police On My Back”) “Heart Made Of Stone” fascine par la virtuosité de son Hammond B3 (on y jurerait Jon Lord égaré en territoire soul), avant que le poignant “Father” n’évoque le deuil personnel qu’éprouve David en la personne du sien. Est-il encore nécessaire de répéter quel épatant soul brother s’incarne dans cette silhouette massive? L’apport du Hammond s’y avère à nouveau déterminant, tout comme au fil de l’enlevé “Where Are You?” (digne des cavalcades de Sam & Dave, et donc aussi des Commitments et autres Blues Brothers). Introduit par un sobre riff de guitare, comme Hendrix savait aussi en jouer quand il se piquait de romantisme (cf. “Angel”), “Snow Day In The World” se révèle l’une des plages les plus sensibles de cette collection, comme une poigne de velours dans un gant de satin. Les chœurs de Claire y prennent un rôle prépondérant, et c’est d’ailleurs elle qui s’octroie ensuite le lead-vocal de l’enjoué gospel “Play It Like A Sister”. “Yeah! Yeah! Yeah!” est une bombinette boogaloo montée sur torpille: soudée comme un roc, la formation fonce droit devant, et l’on plaint d’avance toute garnison romaine qui se trouverait malencontreusement sur son chemin… Second slow au tableau, “One More Day” s’inscrit dans la veine des suppliques qu’incarnaient jadis Otis Redding et James Carr, avant que le choral “Changing The People (Take My Hand)” ne ferme le ban sur une note d’espoir, bienvenue en cette période pré-electorale. Comme le recommandaient Delaney & Bonnie (& Friends): “Accept No Substitute”!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 13th 2024

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En concert lundi 3 juin 2024 au New Morning, Paris