ALBERT CASTIGLIA – Righteous Soul

Gulf Coast Records
Blues-Rock
ALBERT CASTIGLIA - Righteous Soul

Que ce soit pour lui-même, ses proches ou ses amis, Mike Zito est un homme pressé. Ainsi d’Albert Castiglia, son compagnon de route et de label, auprès duquel il tourne depuis deux ans sous le nom de Blood Brothers (et avec lequel il a déjà enregistré deux albums, chroniqués ICI et ICI). C’est en effet au cours de leur tournée commune de l’an dernier que ce bon Mike intima à son ami qu’il était temps d’ajouter un nouvel album solo à son palmarès. D’abord perplexe, Albert fit valoir que leurs longs mois sur la route ne lui avaient guère laissé le loisir d’étoffer son répertoire en matière de compositions nouvelles. Un autre argument le faisait aussi rechigner: tandis que ses deux premiers albums, “Masterpiece” et “I Got Love”, véhiculaient des thèmes aussi intimes que cohérents, il ne voyait pas quel concept aurait pu fédérer le répertoire de ce prochain effort. Zito lui souffla alors l’idée d’enregistrer un disque placé sous le signe de la solidarité et de l’amitié, en invitant des comparses différents sur chacune de ses plages. Plus perplexe que jamais, Albert concéda qu’il pouvait sans doute en rédiger la guest list idéale, mais qu’il doutait qu’elle pût se réaliser dans des délais contraints. Pour contredire ces préventions, le résultat est pourtant bien là, et cette rondelle affiche une dream team comme peu d’artistes actuels peuvent en aligner (hormis peut-être Bob Corritore). À quatre compos originales, Albert ajoute ici sept covers, et outre un staff de base comprenant les vétérans Jerry Jemmott à la basse, Derrick Martin (batteur des Nightcats) et Jim Pugh aux claviers, ainsi que Kid Andersen (guitare, claviers et production at home, dans son studio Greaseland de San Jose), le présent line-up s’augmente de pas moins d’une douzaine d’invités prestigieux. S’ouvrant sur le musclé “Centerline” au second line beat louisanais (avec le tonitruant Popa Chubby et les chœurs de Lisa Andersen), cette martingale se poursuit avec le Chicago shuffle “Get Down To The Nitty Gritty” de Luther “Snakeboy” Johnson (que chante ici Alabama Mike, également présent sur les “Spider In My Stew” et “You Shocked Me” de Bob Corritore, chroniqués ICI et ICI). Co-signé par Castiglia avec Jerry Jemmott et Kevin Burt (qui le chante), le slow “Mama I Love You” bénéficie d’un splendide solo de piano de Pugh, avant que les six cordes du patron n’en prennent le relais, et le chaloupé “You Can’t Judge A Book By The Cover” de Willie Dixon présente la propre fille d’Albert aux côtés de Christone “Kingfish” Ingram. C’est Joe Bonamassa en personne qui soutient Danielle Nicole et Albert pour une relecture du “All Our Past Times” qu’écrivirent ensemble le regretté Rick Danko et Eric Clapton (sur le “No Reason To Cry” de ce dernier, où figurait le Band au grand complet). On ne sait qui, de Pugh ou d’Andersen, y tient les claviers, mais la partie d’orgue y est splendide, et les soli de Joe et d’Albert gorgés de feeling. C’est la jeune et sémillante Ally Venable qui lui donne la réplique sur l’impavide “Till They Take it Away”, avant le premier des deux hommages à Junior Wells (auprès duquel Castiglia fit ses classes), “Come On In This House”, où c’est le grand Rick Estrin qui officie magistralement à l’harmonica (de même que sur le shuffle “What My Mama Told Me” du même Amos Blakemore, avec en bonus les six cordes de l’époustouflant Monster Mike Welch), tandis qu’Albert y pastiche avec talent la guitare de Buddy Guy. C’est le saxophone de Jimmy Carpenter (chroniqué ICI) qui illumine l’enlevé “You Were Wrong” de ZZ Hill (que reprit également Angela Strehli, ainsi que Bernard Sellam, sur son dernier album chroniqué ICI), et la guitare de Josh Smith qui s’illustre sur le funky “The Dollar Done Fell” de Buddy Guy. Ultime original signé Albert, “No More Tears To Cry” ajoute la guitare slide de Gary Hoey (déjà présent sur le récent “Best Of Me” de Joanna Connor, chroniqué ICI) au générique de cet album somptueux, qui hisse Castiglia dans la short-list des blues-rock guitar slingers contemporains.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 11th 2024

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