MIKE ZITO – ALBERT CASTIGLIA – Blood Brothers

Gulf Coast Records
Blues-Rock
MIKE ZITO - ALBERT CASTIGLIA - Blood Brothers

Bien que ne partageant manifestement ni le même père, ni la même mère, ces deux-là peuvent se prétendre cependant frères de sang, au fil de ce remarquable album en commun. Que Mike Zito soit né à Saint-Louis, Missouri quinze mois à peine après Albert Castiglia (qui vit pour sa part le jour à New-York) ne change tien à l’affaire. Tous deux bardés de distinctions et à la tête de 36 albums cumulés (dont un tiers pour Albert et le reste pour Mike, que ce soit en solo, en leader ou au sein de Royal Southern Brotherhood), ces deux spadassins sont de surcroît collègues de labels depuis une dizaine d’années (d’abord chez Ruf, puis désormais sur Gulf Coast Records, maison fondée par Mike himself). C’est sous l’égide de Josh Smith et Joe Bonamassa (tous deux également des as des six cordes) qu’ils ont joint leurs forces en studio, s’y adjoignant (outre ces derniers) pas moins de onze acolytes (dont cinq cuivres), ainsi que deux choristes féminines. Et dès le Texas-shuffle “Hey Sweet Mama” (écrit par Mike, et chanté en chœur par nos deux complices), le résultat se révèle à la hauteur des moyens. Après son album “Tribute To Chuck Berry”, Mike semble avoir pris goût à l’apport décisif du piano en pareil climat, et Lewis Stephens s’y acquitte d’une trépidante partie dans l’esprit du regretté Johnny Johnson. Le mid-tempo “In My Soul” (inspiré à Mike par son épouse, récemment éprouvée par la maladie) prend des accents skynyrdiens, avec les chœurs célestes de Jade Macrae et Danielle DeAndrea, tandis que le mix entre guitares acoustiques et soli électriques atteint des sommets de lyrisme. Au registre des covers, on dénombre celles du “Tooth And Nail” du Georgien Tinsley Ellis (dans la trainée de slide fumante établie par la fratrie Allman), des “Fool Never Learns” (avec l’écrin soyeux de chœurs et cuivres en renforçant la puissance) et “You’re Gonna Burn” de Fred James, du “My Business” de John Hiatt (en boogie slide torride), de “Bag Me, Tag Me, Take Me Away” de Graham Wood Drout (seconde incursion dans le rock n’ roll texan à la sauce de grandaddy Chuck, avec les ivoires à nouveau décisives de Stephens, qui y prennent un chorus roboratif) et du “One Step Ahead Of The Blues” de Roger Tillison (transposant guillerètement l’arrangement feutré qu’en rendit J.J. Cale en son temps). Albert s’offre le luxe d’accueillir Bonamassa sur sa classieuse ballade sudiste, “A Thousand Heartaches” (son seul writing credit sur ce disque), et ce brave Joe y délivre pour solo une convaincante imitation du Clapton des années 70 et 80. La touche Allmans nineties se manifeste encore sur le shuffle original “No Good Woman”, où l’orgue évoque celui du regretté Gregg, tandis que nos deux prétendus frères de sang y échangent de fulgurantes licks. Introduit sur une trame inspirée du Motown beat de “You Can’t Hurry Love”, l’instrumental “Hill Country Jam” ne tarde d’ailleurs pas à retrouver cette veine sudiste, où les touches de clavier électrique prédominent, avant que les guitares n’y fusent à nouveau avec brio. Mais que l’on ne s’y trompe pas: à la différence notable d’autres projets assemblant deux guitaristes (pour ce qui s’apparente davantage à un bras de fer qu’à une réelle collaboration), la cover picture de ce disque reflète bien une authentique communion. Ces BLOOD BROTHERS s’embarquent dès cet instant pour une longue tournée interstate, qui les verra arpenter une vingtaine d’États d’ici cet automne. S’ils daignaient franchir ensuite l’Atlantique pour nous gratifier de leur présence sur notre continent, gageons que nous serions nombreux à courir les y apprécier!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 20th 2023

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