JIMI “PRIME TIME” SMITH & BOB CORRITORE – The World In A Jug

SWMAF Records / Vizztone
Blues
JIMI "PRIME TIME" SMITH & BOB CORRITORE

Si l’on ne présente plus dans ces colonnes le master harmonica player Bob Corritore (chroniques ICI, ICI, ICI, ICI, ICI, ICI et ICI…), il n’en est peut-être pas de même pour son comparse du moment, le guitariste et chanteur Jimi “Primetime” Smith. Né à Chicago en 1959, ce dernier n’est autre que le fils de la batteuse, manageuse et occasionnelle songwriter d’une légende du blues local, Jimmy Reed: Johnnie Mae Dunson. Outre ce dernier, son foyer familial accueillait régulièrement des figures majeures de cette scène, telles qu’Albert King, J.B. Hutto, Willie Dixon, Phil Upchurch, Freddie Below et Hubert Sumlin. Avec de tels parrains, il n’est guère étonnant que le jeune Minford James enregistrât son premier titre (“Young Boy Blues”) dès son huitième anniversaire! Le gamin n’en attendit pas moins encore quatre ans avant d’aborder l’apprentissage de la guitare, pour se produire deux ans plus tard (âgé de 14 ans à peine) lors de l’édition 1973 du fameux Ann Arbor Blues Festival, dans le Michigan. Ses 18 ans à peine sonnés, le jeune Jimi écumait ainsi les clubs de la Windy City aux côtés de pointures telles que Fenton Robinson, Jimmie Johnson, Big Walter Horton, Floyd Jones et Eddie Taylor, avant de se relocaliser à Minneapolis, où il ne tarda pas à nouer compagnonnage avec des locaux tels que Lazy Bill Lucas et Richard Duran, alias Lynwood Slim. Dès lors, le garçon commença à enregistrer confidentiellement sous son nom, tout en accompagnant lors de tournées européennes des artistes tels que Otis Rush, Albert Collins ou Etta James. Ce n’est qu’en 1994 qu’il se résolut à former son propre band en tant que leader, enregistrant au passage le live Give Me Wings sur Atomic Theory Records, pour s’imposer en tant que house band du Blues Alley Club de Minneapolis. Chaque fois qu’il repassait par Chicago pour rendre visite à sa mère, “Primetime” y recevait un accueil triomphal, et si sa carrière discographique demeure restreinte, il n’en élargit pas moins sa réputation jusqu’à New-York et en Floride. Captées en quatre sessions distinctes (de 2017 à 2020) aux studios Tempest en Arizona (où Bob Corritore jouit de son propre rond de serviette) ainsi que, pour deux titres, live en son propre club, le Rhythm Room à Phoenix (dans le même État), ces dix plages présentent un aréopage de gunslingers de premier rang: des pianistes Henry Gray et Fred Kaplan au bassiste Bob Stroger, en passant par les batteurs Marty Dodson, Allen West et Brian Fahey, ainsi que le saxophoniste émérite Doug James et les guitaristes Johnny Rapp et Patrick Skog, on ne recense ici que du beau monde. Mais l’architecture de cet album repose bien sur son noyau dur. Y évoquant celles qui liaient de grands duos guitare/harmo du passé (on songe ainsi souvent à la paire Buddy Guy/ Junior Wells, comme sur la plage titulaire), la complémentarité et la complicité dont témoignent ici Smith et Corritore alignent cinq originaux pour autant de covers (parmi lesquelles trois de la défunte maman de Jimi, ainsi que le “Love Her With A Feeling” de Freddie King), et l’ombre tutélaire du grand Jimmy Reed nimbe plusieurs d’entre elles (“You For Me”, “We Got To Stick Together”). À noter également, “Walkin” (dans une veine réminiscente d’Elmore James), ainsi que “Southbound” et “Fire And Ice” (dans celle de Muddy Waters): deep Chicago blues not deat at all!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 8th 2023

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