BOB CORRITORE & FRIENDS – Down Home Blues Revue

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Blues
BOB CORRITORE & FRIENDS - Down Home Blues Revue

Avec un CV long comme son bras gauche et un carnet d’adresses plus épais encore que le bottin mondain, Bob Corritore n’a pas fini d’écluser ses archives personnelles, qu’il distille au compte-gouttes avec la régularité d’un percolateur. Plutôt que d’épater la galerie avec l’un de ces blues-summits dont on nous rebât les oreilles depuis que les managements de stars vieillissantes (BB King, Jimmy Rogers, Buddy Guy…) se sont résolus à capitaliser sur leurs statuts de légendes sur le déclin, ce bon Bob a entrepris de rendre hommage à maints vétérans plus ou moins demeurés dans l’ombre (et ce, bien à tort). Il nous régale de sessions réparties entre 1995 et 2012 dans les studios Tempest de Grand Prairie où il dispose de son rond de serviette, avec quelques fantassins méritants, hélas pour la plupart aujourd’hui disparus. Ainsi de Smokey Wilson (1933-2015), Henry Townsend (1909-2006), David “Honeyboy” Edwards (1915-2011), T-Model Ford (1923-2013), Big Jack Johnson (1940-2011), Chico Chism (1927–2007), Willie “Big Eyes” Smith (1936-2011), Dave Riley (1949) ou Al Garrett (1934), tous captés à la sauvette juste avant (ou après) leur passage dans son propre club, le Rhythm Room à Phoenix. Si vous aviez encore besoin d’être affranchi sur la notion de Downhome Blues, il suffit d’énoncer que les férus du swamp blues de Lightning Slim et Slim Harpo trouveront ici amplement leur compte au fil de reprises bien troussées (telle celle du “Rooster Blues” du premier par Robert “Bilbo” Walker, 1937-2017), et que ceux du Mississippi Delta circa Chicago ne seront pas en reste non plus (terrassante version du “Still A Fool” de Muddy Waters, par le même). T-Model Ford s’illustre sur des covers pour le moins personnalisées du “Mean Old Frisco d’Arthur “Big Boy” Crudup et du “I Asked For Water” de Howlin’ Wolf, tandis que le parrain de ces sessions s’époumone dans les registres respectifs de Lazy Lester, Big Walter Horton et Sonny Boy Williamson. Seule exception à ce dogme (quoique), le “Nothing But The Blues” du pianiste Henry Townsend en résume à lui seul la démarche: si vous préférez votre blues bien enraciné, non frelaté et long en bouche, voici une dégustation qui vous fera de l’usage.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 6th 2022