GUY BÉLANGER – Voyages… & Other Stories

Bros
Americana, World Blues
GUY BÉLANGER - Voyages…& Other Stories

Frère du cinéaste Québécois Louis Bélanger, cet harmoniciste est en quelque sorte l’équivalent canadien de notre Jean-Jacques Milteau national (chroniques ICI et ICI). Venu au blues voici presque un demi-siècle déjà (au contact du vétéran local Bob Walsh), il croise dans les clubs de sa bonne capitale de province éponyme des géants tels que Muddy Waters, James Cotton, Big Mama Thornton et Koko Taylor, y puisant à bonne source les canons fondamentaux, tout en accompagnant son mentor local, avec lequel il se produit à quinze reprises lors d’éditions successives du Festival International de Jazz de Montréal. Son aura croissant, il preste alors ses talents d’instrumentiste envers plus d’une soixantaine d’artistes québécois et français (de Céline Dion à Doug McLeod, en passant par le célèbre Cirque du Soleil), tout en contribuant aux bandes originales de films télé et cinéma. Pour son septième album en leader depuis 2008, il reprend certaines fidèles collaborations (au rang desquelles son ami guitariste Claude Fradette), tout en invitant deux chanteuses résidentes de renom. Il entame les réjouissances par le jubilatoire instrumental “Bayou Ride” (dont le titre traduit l’inspiration louisianaise, et où il rappelle au tout venant l’étendue de son registre sur l’instrument à lamelles), avant d’enchaîner avec sa première guest star, la chanteuse Sylvie DesGroseillers, pour une cover bien blues du “Do I Move You” de Nina Simone. Aux guitares, Robert MacDonald et Claude Fradette s’y adossent à la section rythmique que constituent le bassiste Marc-André Drouin et le batteur Michel Dufour, tandis que Guy en profite pour démontrer ce que des maîtres tels que James Cotton, Carey Bell et Junior Wells lui ont transmis. Plus atmosphérique, “Kilimandjaro”, second instrumental du lot, fait la part belle aux claviers et au kalimba (auxquels s’ajoutent des chants autochtones sur la coda), attestant de l’inspiration cinématographique du bonhomme. L’enlevé “Duck Soup” persiste dans cette veine sans paroles, sur un mode swing où Guy et les six cordes de Robert dialoguent prestement en rivalisant d’inspiration. C’est le bassiste Alec McElcheran qui s’invite ensuite pour interpréter son propre et funky “How Do You Do It” (réminiscent du “Walking The Dog” de Rufus Thomas), ainsi que le “King Bee” de Slim Harpo, tandis que Guy chante ce dernier et le mélancolique “No One Else” (du guitariste de Nouvelle-Écosse Ian James). Fradette offre à son tour son propre “Nieve”, autre instrumental d’inspiration 7ème Art, où sa longue complicité avec Guy transpire sur un arpège de guitare cristallin, avant une version instrumentale (et aérienne) du fameux “I Can’t Make You Love Me” de la grande Bonnie Raitt. Après un ultime intermède instrumental (“The Sun Will Shine”), Guy accueille la légendaire Nanette Workman (qui tint un temps le célèbre club Swan à Montréal, entre ses multiples pérégrinations scéniques et discographiques, des Rolling Stones à Luc Plamondon et Michel Berger, sans oublier Hallyday), pour le languide “Au Bout Du Chemin”, qu’elle accompagne de son feulement rauque jusqu’au terme de cet album éclectique, destiné avant tout aux esprits (et oreilles) ouverts.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 26th 2023

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