Blues |
L’esthétique de la photo de couv du digipack annonce la couleur: le nouvel opus de Jean-Jacques Milteau est un superbe parcours dans la musique soul, avec son lot de surprises qui font que chaque album du plus célère harmoniciste français est un événement. Dans ‘Fragile’ il y avait une interprétation toute en finesse de l’Internationale, ici ce sont des titres rock et folk qui deviennent de fascinantes contrées musicales soul, comme cette version bourrée d’émotion de ‘Long Time Gone’ de David Crosby, et cette monumentale adaptation du ‘You Can’t Get Always What You Want’ signée Jagger-Richards qui vous obligera à réécouter la version des Stones pour bien comprendre le ‘miracle’ musical réussi ici par Jean-Jacques Milteau & Co.
Voilà aussi pourquoi aucun enregistrement ‘milteaunien’ ne laisse indifférent car comme nous l’explique Jean-Jacques: « Plus que pour briller, l’instrument est là pour dialoguer, illustrer, conforter, titiller, relayer, créer un décor propice à l’expression du chant. » Dans ‘Soul Conversation’, c’est non seulement l’harmonica de Jean-Jacques mais aussi tous les instruments qui deviennent interlocuteurs des deux voix masculines suaves, chaudes, colorées, lumineuses. Ron Smyth et Michael Robinson se partagent le chant de manière tellement harmonieuse ou fusionnelle (comme ici, dans ‘It’s So Real’, compo signée Micheal Robinson / Manu Galvin) et l’harmo de J-J se fait parfois tellement discret tout en étant présent de manière très légère que l’on en arrive à se demander si l’opus n’est finalement pas celui d’un nouveau combo, révélation de l’année blues & soul 2008.
Ceci dit, les amateurs d’instrumentaux ne sont pas oubliés, le duo Milteau-Galvin signant entre autres deux superbes titres: un ‘Wooosh !’ tendre et rageur à la fois, comme pour bien positionner l’opus en orbite, et un excellent ‘Hole In The Wall (Burger n’ Blues)’ qui vient donner une intense luminosité bleue au cœur des 14 titres alignés ici.
Le line-up, inédit, est à la hauteur de l’événement, avec tout d’abord le talentueux et incontournable Manu Galvin aux guitares, Gilles Michel aux basses, Christophe Deschamps à la batterie et Eric Lafont aux percussions, sans oublier les deux voix, intenses rayons de soleil levant qui irradient de bonté et de beauté, celles de Michael Robinson et de Ron Smyth,…et celui sans lequel rien n’aurait été possible, l’âme de cet album, Jean-Jacques Milteau himself.
Je pourrais vous en dire encore et encore sur leur très belle reprise de ‘Down In Mississippi’ de J.B. Lenoir, sur cette formidable adaptation du traditionnel ‘Will You Come’ comme sur cette émouvante version de ‘People Get Ready’ de Curtis Mayfield, mais je pense que le mieux pour vous est désormais d’aller découvrir à votre tour ce ‘Soul Conversation’, incontestable disque référence en cette fin d’année 2008.
Et en souvenir de tout ce que les années Woodstock représentent pour non seulement une mais toutes les générations, envoyez-vous à fond, les haut-parleurs orientés vers le ciel, ce phénoménal ‘Long Time Gone’ qui fut l’un des titres cultes du film sur le festival de Woodstock. Et l’écouter c’est admirer ce ciel, justement.
‘Soul Conversation’: un album magistral, tout simplement.