VILLA CONGO – Never Too Late

Autoproduction
Pop, Rock
VILLA CONGO - Never Too Late

Ca y est, cette fois c’est certain, je suis vieux. Tandis que toutes générations confondues, des hordes d’audiophiles se ruent à nouveau dans des boutiques spécialisées pour acquérir (et même racheter) du vinyle au kilo, de plus en plus de groupes actuels, poussant la logique de l’autoproduction dans ses ultimes retranchements, se résolvent à se dispenser pour leur part du support physique. Basé à Roubaix, Villa Congo en assume le choix, et après un premier E.P. produit en 2019 par Rudy Coclet au Jet Studio bruxellois (Arno, Dominique A, Girls in Hawaii, Simple Minds…), les sept titres de son successeur ne sont plus disponibles que via ces formes numériques que l’on prétend plates: Spotify, Youtube, Apple et consorts… Après les modèles réduits frustrants de l’ère du CD (déjà obsolète), finis donc les pochettes, les liner notes, les détails biographiques et techniques, les paroles imprimées, basta, superflu… A quoi bon s’embarrasser de ces vétilles, puisque la musique est censée se suffire à elle-même? Toute nouvelle découverte s’apparentera donc désormais plus ou moins au blind-test, sauf que la solution des jeux ne figurera souvent plus nulle-part. En fouinant dans le dédale du web, on peut tout de même grapiller que le nom du groupe se réfère à feu le Château Vaissier. Situé à la lisière de Roubaix, Tourcoing et Mouvaux, ce “Palais du Congo” (érigé en 1892 sur un parc de 5 hectares, par un magnat des cosmétiques ayant fait fortune avec son “Savon Des Princes Du Congo”) fut vendu à l’encart après son décès, et n’en subsistent plus que les deux pavillons extrêmes, encore visibles aux numéros 2 et 20 de la rue de Mouvaux à Tourcoing. “Sic transit”, comme disaient les pirates chez Astérix… Cet aimable quatuor (Dominique au chant, Maxence à la basse, Martin à la guitare et Matthieu à la batterie) ayant eu la clémence de me faire parvenir ces sept nouvelles plages sur un anonyme CD-R, je ne puis qu’attester me sentir moins perplexe à leur écoute qu’à la contemplation de la pauvreté de leur emballage (où ne figurent aucune mention des titres, ni des musiciens). Et c’est dommage, car par delà mes périphrases et préventions, on y décèle une martingale de références proches de celles des Lyonnais de Fontanarosa, ainsi que de Teenage Fanclub, ou encore des Estoniens d’Ewert & The Two Dragons. Bref, une culture manifeste de ce que Ronnie Bird et Christophe J. appelaient jadis le style anglais. Avec sa touche “X-Files”, le “Crash” d’ouverture arbore ainsi fièrement sa filiation Pixies/ Breeders/ Smashing Pumpkins, tandis que la plage titulaire accuse un héritage britpop remontant jusqu’aux Kinks de “Dead End Street”, via Blur et Jam (voire les one-hit wonders germains de “Fool’s Garden”). Le languide “September” s’emballe subitement à mi-parcours, pour un final exalté quasi-freakbeat. Sans relation avec le titre éponyme des parangons de la french touch (que reprirent Franz Ferdinand), “Sexy Boy” poursuit dans une goûteuse veine nineties (power-chords et reverb à l’appui). Introduit et soutenu par des claviers synthétiques vintage, le délicat “Mary” est la seule plage chantée en français, qui s’achève sur des cocottes funky dignes d’une B.O. seventies façon Marc Dorcel. Le déclamatoire “Save The Morning” emprunte à son tour la dimension quelque peu surannée d’un slow parfumé à la violette, par la grâce d’arpèges de guitare et de piano électrique, et le conclusif “I Break Down” s’inscrit quant à lui dans la veine de ce que Paul Weller a produit de plus sensible et mélodieux à ce jour: sans doute le point culminant d’un album des plus convaincants. Après tout, si ça vous botte d’acheter vos toffees sans papier autour… À vue de nez, il est Deezer.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 8th 2022

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L’album est disponible sur toutes les plateformes.
sur Spotify
sur Deezer
sur Apple Music
mais aussi sur Youtube

Page Facebook du groupe ICI

“I break down” en session acoustique tourné à Lille: ICI

Extrait du concert de la Ferme d’en Haut, “Sexy boy” par Villa Congo: ICI

Découvrez l’article sur “L’incroyable histoire du palais Vaissier”: ICI