| Heavy Rock |
Ne gobez pas toute crue la fable que l’on tente de vous refourguer sur la seule foi de leur look quelque peu anachronique: ce jeune quintette de Douarnenez puise bien davantage ses racines dans la scène anglaise heavy pop des seventies naissantes que du côté du Detroit de MC5 et des Stooges. Si les guitares savent s’y montrer cinglantes et la rythmique effectivement effrénée (ce batteur a manifestement digéré son Keith Moon), les “Give Up” et “Believe It” d’ouverture évoquent davantage cette époque pré-glam où un certain bubblegum s’accommodait d’une touche psychédélique de bon aloi. Et si leur parfum dystopique s’avère indéniable, leurs soli de guitares à l’unisson, roulements de toms garantis d’époque et chœurs acidulés évoquent davantage ces formations d’alors, chez qui se traduisait l’influence conjointe des Small Faces de “Ogden’s Nut Gone Flake” et des Who circa “I Can See For Miles” (“Set Me Free”, “Just An Escape” ou encore “Believe It” et “Debt City” avec leurs cuivres en cavalcade). Avec son beat tribal et sa réverb aérienne, “Mamacita” trouve ainsi sa source dans le “Then Play On” du Fleetwood Mac que Peter Green n’allait alors pas tarder à abandonner à son triste sort, tandis que la plage titulaire rappelle le “Race With The Devil” de Gun, et le bien nommé “Heavy Maria” (avec son piano façon McLagan, et sa cloche à vache enfin réhabilitée) les early-Faces et Humble Pie. De The Move (“Washing Machine Man”) et The Eyes à Chicory Tip et aux débuts de Thin Lizzy (“Moondrag”), c’est à une vertigineuse madeleine proustienne qu’invitent les onze titres de ce petit bijou délicieusement rétro. De là à envisager un massif revival pop-music (voire la réouverture du Gibus et du Golf Drouot), il demeure certes un probable gap générationel, mais l’on ne peut que se réjouir que cette vengeance tardive provienne des terres originelles de Tri Yann. Breizh n’ roll, people!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, December 21st 2021
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KOMODOR – BELIEVE IT (VIDEO PREMIERE):