STAVROS LANTSIAS TRIO - Live at St. Paul's Anglican Church, Athens

Classique, Jazz

Dix ans après “Diary Of Dreams” (alors enregistré et mastérisé à Los Angeles, et chroniqué ICI), le pianiste, multi-instrumentiste et compositeur chypriote Stavros Lantsias nous revient en trio et en public, pour un concert d’une densité intimiste à Athènes (et à couper le souffle). Cette fois entouré du trompettiste et flûtiste Andreas Polyzogopoulos et de Yiorgos Kaloudis (officiant tour à tour au violoncelle, au tabla, au bendir, à l’udu et à la lyre crétoise), il reprend quatre des compositions de son magnum opus pré-cité, ainsi que le “Prelude Op. 28 N° 4 in E Minor” de Chopin (l’un de ses mentors). S’ouvrant sur les arpèges cristallins de son piano, et bientôt rejoint par une trompette aérienne et un violoncelle sinueux, ce concert livré dans une église anglicane de la capitale hellénique instaure d’emblée un climat de ferveur. Plage titulaire de son tout premier effort solo (en 1999), “Return” mérite plus que jamais son appellation, et son caractère épuré en renforce encore la puissance évocatrice. S’y trouve-t-on dans l’ethno-jazz, dans la musique des Balkans ou encore ailleurs? Sans doute un peu partout à la fois, tant ces sonorités entremêlées suscitent des images de crêtes désolées balayées par les vents, d’espoirs et de craintes, d’exil et de déracinement. Voyageur impénitent, Stavros nous restitue “The River Of Time”, “Midnight Walk”, “Growing Apart” et “Dance With The Wind” (pièces maîtresses issues de “Diary Of Dreams”) selon des arrangements nouveaux, où leur dimension orchestrale originelle cède le pas à une interprétation plus sobre, mais transfigurée par les conditions du live. Introduit par la langueur du violoncelle, “Princess Waltz” prend ainsi les contours d’un tango funèbre, où la trompette adopte des accents presque mariachi. Sur le rythme de l’une de ces “Gymnopédies” si chères au grand Erik Satie, “As Far As Your Eyes Can See” s’avère précisément la valse que son prédécesseur n’est pas, au fil de laquelle les ivoires virevoltent sensiblement autour des volutes qu’y impriment la trompette et le violoncelle. Cette osmose subtile entre instrumentistes de premier ordre transcende également “Human Wonder”, au fil duquel les touches de Stavros semblent jongler entre les genres et les époques, avec un swing devant autant au jazz que son lyrisme est redevable envers le Moyen-Orient d’un Anouar Brahem (cf. “The Scent”, ou encore la relecture de “Dance With The Wind”). À l’écoute de ce disque tourneboulant, vous en conviendrez avec nous: Stavros Lantsias était l’un de vos concertistes et compositeurs favoris, et vous ne le saviez pas encore.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 4th 2023

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