Pop, Rock

Qui faut-il croire, de son communiqué de presse ou de sa fiche wikipedia? Tandis que le premier présente ceci pour son quatrième album, la seconde lui en dénombre déjà quatre prédécesseurs… Mais peu importe (quoique): répartissant son temps entre son Ontario natal, Nashville et la Californie (où elle réside à présent), la singer-songwriter canadienne Jadea Kelly propose (après six années au cours desquelles elle ne réalisa qu’un simple E.P., bande originale d’un documentaire carcéral) un plein LP d’originaux, dont elle co-signe la majeure partie avec certains de ses sidemen et co-producers (Rich Jacques, Aaron Goldtein, Joel Schwarz ou Joe Moralez). Sans se départir totalement de ses folk & country roots, elle délivre un opus d’orientation nettement AOR (Adult Oriented Rock), dans la veine de ce qu’imposa Fleetwood Mac au mitan des seventies (“Temporary Farewell” et “Across The Stairs”, avec leur steel-guitar exécutée au synthé, ou encore “Pitch Black” et la plage titulaire). Même si l’on s’en situe loin, quelques pépites surnagent toutefois, telles les aériennes et mélancoliques “Happy”, “Any Old Boat” et “Room For Me”, dont la grande Lucinda Williams aurait sans doute su tirer meilleur parti, au temps de son fameux “Car Wheels On A Gravel Road”. Bref, ni franchement folk ni country ni rock, un disque au confluent de ce que ces courants recèlent de plus consensuel. Pour ne pas appeler franchement ça de la pop pour ménagères de plus de cinquante ans, on désigne parfois ceci sous le terme de “yacht-rock”. Même si, en matière de yacht, cela doit sûrement s’écouter plus souvent en étendant le linge ou en changeant la litière du chat… Impeccablement réalisée mais sans réelle profondeur ni substance, la bande son monocorde du prochain “Desperate Housewives”?

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 8th 2022

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