ELLINOA – Mejiro

Les P'tits Cailloux Du Chemin / InOuïe Distribution
Musique classique, World Jazz
ELLINOA - Mejiro

Déjà chroniquée à maintes reprises dans ces colonnes, Camille Durand (alias Ellinoa) intégra la chorale de sa mère dès l’âge de 5 ans, avant d’apprendre le piano et le saxophone pour participer à différents orchestres scolaires. Attirée très tôt par la composition, elle effectue ses premières explorations en autodidacte sur le logiciel Finale ou au piano. Après quelques années à Sciences Po, elle obtient un DEM Jazz au conservatoire de Bobigny, puis un Prix d’Excellence et une Mention spéciale de Soliste au Centre des Musiques Didier Lockwood (où elle assure aujourd’hui encore des masterclasses). Elle prend ensuite le pseudonyme d’Ellinoa et mène de front composition, improvisation, chant et direction de groupe. Elle crée ainsi le Wanderlust Orchestra, une utopie en forme d’orchestre comptant aujourd’hui quinze musicien(ne)s, qui devient le principal laboratoire de sa créativité. Doté d’une instrumentation originale (comprenant entre autres saxophones, trombone, flûte, cor anglais, quatuor à cordes, et depuis récemment piano préparé et double batterie), l’ensemble publie en 2018 un premier album remarqué, “Wanderlust Orchestra” (chroniqué ICI), suivi en 2020 de “The Ballad Of Ophelia” (chroniqué ICI), puis en  2022 de “Ville Totale” (chroniqué ICI et ICI)).
Intitulé du nom d’un passereau endémique du Japon (ainsi que de celui d’un quartier de Tokyo), ce nouvel album se nourrit de la fascination pour le Pays du Soleil-Levant qu’Ellionoa partage avec d’autres artistes, tels le regretté David Bowie, David Sylvian ou encore Amélie Nothomb. Entourée d’une flûtiste et d’un quatuor à cordes, Camille y officie au chant et au glockenspiel, pour livrer onze nouvelles pièces, où l’exotisme le dispute à une approche néo-classique, dont la radicalité se met au service d’une créativité foisonnante. Dès le “Tokyo Tears” d’ouverture, la scansion des voix mêlées de ses complices avec la sienne trouve son écho dans les pizzicati des cordes (procédé que l’on retrouve sur le mutin “Like Clockwork” et ce “Komadori’s Voice” où Ellinoa prend son envol en scat acensoriel), tandis que la mélodie que déploie ensuite “Restless” prend des accents moyen-orientaux qu’accentuent violon et violoncelle. Paru en single en juin dernier (quoi que cela puisse signifier de nos jours), “Alone For Now” n’a pourtant rien d’ouvertement commercial: son long chorus de flûte sur arpèges de mandoline semble défier au contraire tout formatage, et c’est ce qui caractérise tout à fait cet album dans son ensemble. Le contemplatif “Natsu No Ame” procure un salutaire répit, avant que “A River Cleanse” ne relance la boîte à musique sur un nouveau parcours saccadé, tempéré toutefois d’envolées vocales sous-tendues de cordes voluptueusement arachnéennes. L’épatant “6000 Miles” n’aurait pas déparé le “Olias Of Sunhillow” de Jon Anderson, tandis que l’instrumental “Suzaku” oscille entre Morricone, Kusturica et Sakamoto. Seul titre chanté en français, “Le Gibet” de Maurice Ravel s’avère un intermède funèbre, annonçant l’instrumental conclusif et apaisé “Through Her Eyes” (où s’exprime l’ocarina, instrument injustement délaissé depuis “Wild Thing” des Troggs). Les aficionados de Kate Bush, Debussy et Richard Dawson devraient porter cette œuvre aux nues, et nous leur en donnons d’avance raison: voici une artiste d’une inspiration aussi rare qu’enivrante!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 6th 2025

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Release party en concert le 14 octobre au Lavoir Moderne Parisien
Adresse: 35 rue Léon, 75018 Paris, France

Website

Interview de Ellinoa sur Paris-Move: ICI
ITW réalisée par Thierry Docmac – Bayou Blue Radio – Paris-Move