Shez Raja – Spellbound (FR review)

Self released – Available
Jazz Fusion, Jazz metal
Shez Raja – Spellbound

Si vous avez grandi en étant nourri de jazz fusion teinté de world music, en particulier entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980, cet album ne vous surprendra sans doute pas outre mesure. Il pourra même vous sembler familier. Pour les autres, et surtout pour ceux qui viennent du monde du rock, il s’agira peut-être d’une découverte rafraîchissante et intrigante. Mais il convient de modérer ses attentes: nous ne sommes pas ici face à une œuvre relevant de l’alchimie transculturelle que peut opérer un guitariste comme Nguyên Lê, capable d’entrelacer les traditions musicales avec une intelligence raffinée et une élégance rare.

À l’inverse, cet album se perd trop souvent dans une surcharge sonore, dominée par une batterie hyperactive qui évoque parfois davantage certains groupes de metal que les sphères du jazz. Cette densité sonore, loin de révéler de nouveaux paysages, tend à noyer les subtilités et les nuances émotionnelles qui sont pourtant l’âme du jazz.

Il faut attendre le troisième morceau, Spellbound, pour commencer à entrevoir les intentions profondes de l’album. Mais même ici, cette batterie incessante finit par lasser, en particulier les auditeurs plus habitués à des rythmes mesurés et subtils. Peut-être s’agit-il d’une question de culture musicale ou de goût, mais c’est l’un des rares albums de cette année avec lequel j’ai eu du mal à établir un lien durable.

Cela dit, le projet ne manque ni de légitimité, ni de prestige. Le bassiste anglo-asiatique à la tête de l’album, élu l’un des bassistes les plus en vue au monde par les lecteurs du magazine Bass Player, s’est entouré de musiciens de haut vol: la légende de la batterie Dennis Chambers, le guitariste virtuose John Etheridge, et l’extraordinaire joueuse de sitar Roopa Panesar, pour ne citer qu’eux. La qualité de jeu est irréprochable, et certaines lignes mélodiques parviennent même à percer le brouillard sonore, touchant l’auditeur avec sincérité.

Cependant, le duo basse-batterie tend trop souvent à alourdir l’ensemble, empêchant certains passages de s’élever et de respirer pleinement. Ce qui aurait pu être poétique devient massif. Le résultat est un album qui penche très nettement vers le rock ou metal rock, au point que le qualifier de jazz semble discutable. Il relèverait plutôt du registre rock/fusion.

Et c’est là tout le dilemme auquel nous sommes de plus en plus confrontés aujourd’hui: comment classer des albums qui échappent à toute catégorisation? Celui-ci en est l’exemple parfait.

En tant qu’album de jazz, je reste sceptique: trop dense, trop énergique, pas assez d’espace. Je lui attribuerais trois étoiles. Mais envisagé sous l’angle du rock progressif ou de la fusion, il pourrait très bien séduire, peut-être même être un “coup de cœur” pour certains.

Dans tous les cas, c’est une curiosité qui pourrait toucher des publics très variés, mais dont le centre de gravité reste clairement plus proche du rock que du jazz.

Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News

PARIS-MOVE, July 2nd 2025

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(CD and LP)

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Musicians :
Shez Raja – bass guitar
Dennis Chambers – drums
Guthrie Govan – electric guitar
John Etheridge – electric guitar Roopa Panesar – sitar
Tony Kofi – saxophone
Ahsan Papu – bansuri
Zohaib Hassan – sarangi
Fiza Haider – voice
Gurdain Rayatt – tabla
Vasilis Xenopoulos – saxophone Sophie Alloway – drums
Jamie Murray – drums
Chris Jerome – keyboards

Tracklist :
Quantum spirits
Maharishi mindtrip
Spellbound
Together we fly
Lucid path to the golden lotus
Vishnu
Through the multiverse
Quantum spirits (Live)
Rabbits (Live)