MARTIN COURTNEY – Magic Sign

Domino
Indie Pop
MARTIN COURTNEY - Magic Sign

Un peu comme pour Gary Louris et ses Jayhawks (ou encore Mac MacCaughan chez Superchunk), on se pose avec Martin Courtney toujours la même question. À savoir, qu’est-ce qui peut bien pousser le leader incontesté d’une formation (dont il s’avère en outre le principal compositeur-interprète) à se livrer à l’exercice convenu de l’album solo? Tandis que leurs line-ups d’origine se prêtent brillamment et sans rechigner à toutes leurs fantaisies, on peut s’interroger sur le type de frustrations qui pourraient justifier pareilles escapades narcissiques. Dans le cas présent, la réponse s’avère d’une confondante banalité: isolé de ses complices durant le long confinement lié à la pandémie, Courtney consacrait ses insomnies à bidouiller dans son home-studio new-yorkais, tandis que ses rejetons dormaient à l’étage et que son épouse assurait les gardes à l’hôpital. Tout le monde ne ressent en effet pas la vocation de potato couch, et ce bon Martin n’a simplement pu succomber comme tant d’autres à l’appel des plateaux pizza-kebab devant Netflix. À l’arrivée, s’ils éprouveront l’impression diffuse de découvrir autant la suite de l’excellent “Main Thing” de son groupe séminal que celle de son premier effort solo (paru en 2015), les fans se réjouiront à minima d’y retrouver leur zone de confort. D’une jangle pop rehaussée de pedal-steel (“Corncob”, “Mulch”) à des byrdseries mi-figue, mi-raisin façon Teenage Fanclub (“Sailboat”, “Shoes”, “Exit Music”), l’amateur des premiers Turin Brakes (“Time to Go”, “Merlin”, “Terrestrial”) et de l’unique legs des La’s recevra ici son lot d’harmonies vocales ciselées et de mélodies consolatrices, même si (comme chez les Jam de “Start” avec celui du “Taxman” des Beatles) le riff de “Living Rooms” plagie éhontément celui du “Sweet Jane” du Velvet. La réponse de Martin Courtney à nos temps troublés semble donc se confiner à une sereine contemplation, et le sceau magique en question est bien entendu le peace sign qu’il arbore au revers de son denim. De la belle ouvrage, quoi qu’il en soit.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 6th 2022

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Album à commander sur le Bandcamp de l’artiste