Blues-Rock |

Guitariste et chanteur lyonnais, Léo Benmass s’est imposé sur la scène blues-rock hexagonale à force de prestations fébriles et habitées. Enregistré totalement live en studio et en trio intégral (avec Martin Cortel à la basse et Arnaud Liatard aux baguettes), son tout premier album propose six compositions originales pour deux covers (et pas des moindres, puisqu’il s’agit du “Riders On The Storm” des Doors et du “Voodoo Child” de qui-vous-savez-sinon-passez-à-la-chronique-suivante-merci). L’ombre du défunt métis gaucher plane d’ailleurs sur plusieurs titres, ainsi de la plage titulaire qui ouvre le ban, sur un riff frénétique entre “Stone Free” et Keziah Jones. La section rythmique y affirme d’emblée son infaillibilité, alliant puissance, groove et précision, tandis que le chorus de Léo sèche la concurrence, et que son timbre vocal voilé (proche de celui d’un Lenny Kravitz) achève d’emporter l’adhésion. Nos amis enfoncent aussitôt le clou avec un “Let Me Love You Baby” mené pied au plancher (et ne devant rien à Willie Dixon et Buddy Guy, mais beaucoup à Chuck Berry et Dr. Feelgood). On entre ensuite dans le dur avec la reprise de Jimi (tellement galvaudée depuis plus d’un demi-siècle). Si elle se présente manifestement sous ascendant SRV, elle ne trahit en rien l’esprit ni la lettre de l’original, et on pourra certes ergoter des lustres encore sur l’opportunité de se risquer à pareil exercice, mais force est bien de reconnaître que la bande à Léo s’en tire avec les honneurs et les félicitations du jury (phasing, wah-wah, sustain et ruades compris), tout en citant furtivement “Purple Haze” au passage. Moins orthodoxe, la cover de l’ultime plage de “L.A. Woman” (érigée depuis en testament putatif de Morrison) se révèle une relecture créative, à laquelle la basse reptilienne de Cortel et les drums en break-beat de Liatard prennent une part décisive, tandis que les vocals chuchotés de Léo préludent à un solo de six cordes fermement démarqué de celui de Robbie Krieger sur la prise originelle. Retour à l’esprit de l’enfant vaudou et à ses émules pour un “See My Troubles” que n’aurait pas renié non plus Robin Trower. C’est sur un latino-beat brésilien que se déploie ensuite le mid-tempo “In The Deep Of My Soul”, offrant un répit au déferlement d’énergie qui précède et qui suit. Nos trois complices y démontrent de quelle subtilité ils sont également capables, en produisant un crescendo accéléré sur le solo central, avant de revenir sans à-coups au rythme initial. La paire Goldman-Jones n’aurait sans doute pas décrié le plus pop “Excuse Me”, qui se déguste comme un bonbon avant que le hanté “Woodstock” conclusif (sans rapport avec Joni Mitchell ni CSNY) ne ferme la marche, en invoquant une ultime fois le fantôme de Hendrix. Un album dont l’exécution et la conviction balaient aisément tout éventuel procès en inoriginalité.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, February 14th 2025
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En concert :
04/04/2025 : Festival Les Grosses Guitares, Messimy (69)
05/04/2025 ; Nasty Festival, Bron (69) première partie de Ganafoul
11/04/2025 : Le Hall Blues Club, Pelussin (42)
07/06/2025 : Blues Festival (avec Pacome Rotonde et Joharpoà, Sathonay (69)
14/06/2025 : St. Alban du Rock, St. Alban du Rhône (69)
02/07/2025 : Grésiblues, Bernin (38)