ROD BARTHET – Le Phare Des Infortunes

Inouïe Distribution
Blues, Chanson française
ROD BARTHET - Le Phare Des Infortunes

Ah, Rod Barthet! Je me rappelle avoir chroniqué son tout premier album dans les colonnes du fanzine belgo-français BluesBoarder, et l’avoir même interviewé par téléphone à cette occasion… Originaire de Pontarlier, c’est sous la houlette et le parrainage amical du grand Fred Chapellier qu’il fit ses débuts, n’hésitant pas à franchir l’océan et un continent pour aller tâter à Frisco la réalité de ses propres héros, et entamer ainsi tout jeune une carrière qui, en trois décennies, le mène déjà à son douzième album. Ne répugnant pas à collaborer avec certains paroliers parmi les plus doués (ainsi de Boris Bergman, sur maints de ses prédécesseurs), c’est à Joseph D’Anvers qu’il a confié cette fois les textes de cinq de ces douze nouveaux titres, sur lesquels il accueille à nouveau Fred Chapellier à deux reprises, et Neal Black pour un cameo. Quatre ans après son acclamé “Ascendant Johnny Cash”, Rod confirme qu’il est plus que jamais un auteur-compositeur interprète de plein droit, et ce quand bien même ses talents de guitariste demeurent impressionnants. Le rock “Te Voir Sourire” propose d’emblée de foudroyants échanges de choruses entre les manches respectifs de Rod et d’Éric Sauviat, second guitariste permanent sur cette rondelle. Plus bluesy, l’enlevé “Il N’y A Personne D’Autre Que Toi” rappelle autant Paul Personne que le Nino Ferrer des early-seventies (alors que les guitares y tressent un macramé serré), avant que “L’Archange De L’Immoral” ne cède le pas à un boogie texan zébré d’une slide incandescente. La section rythmique n’y a rien à envier à ZZ Top, et l’orgue de Fred Maggi y assure le même rôle que celui de Reese Wynans jadis auprès du regretté SRV. L’entêtant “La Victoire En Chantant” reprend le sillon de “La Ruelle Des Morts” de Thiéfaine, mais cette fois sur des entrelacs à la Dire Straits. S’il existe une justice en ce bas monde, ce titre devrait cartonner en radio (ou alors c’est à désespérer), d’autant que la plage titulaire qui le suit rejoint l’inspiration du grand Gérard Manset (de même que l’acerbe “J’Ai Bien Cru”). Les textes, l’orchestration au piano, et surtout le chant livide et la guitare mugissante de Rod y instaurent en tout cas un climat poignant. Les six cordes fumantes de Neal Black s’invitent sur le shuffle effréné “Tu Peux Compter Sur Moi”, avant que sur des paroles de Joseph D’Anvers, le languide “Naufragé Insulaire” ne ravive le fantôme d’Alain Bashung (et le splendide “Devenir Vos Larmes Madame” du non moins regretté Christophe), tandis que la guitare de Chapellier y trace de bouleversantes arabesques. Sur un diddley-beat, “Et Si C’Était Après” nous fait tanguer avec sa slide comme au Mardi-Gras de New-Orleans, avant que “Ton Absence Coule Dans mes Veines” ne rappelle le meilleur d’un Francis Cabrel. L’ironique “L’Argent” ferme le ban en mode feutré, sur les balais de Paul L’Hôte et la slide électrifiée du taulier. Verdict: une nouvelle (et précieuse) livraison de l’un de nos plus brillants bluesmen francophones. Passer à côté serait une faute (voire un crime)!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, January 22nd 2025

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Une carrière de 30 ans et 12 albums, cela commence à compter! C’est d’autant plus remarquable qu’entre les deux derniers albums, c’est le jour et la nuit! Autant A l’ombre des Sycomores était habillé de textes très graves accompagné de mélodies jouées sur des rythmes variés, dans un style très chanson française, autant Le phare des Infortunes est résolument blues, y compris dans les textes! La collaboration avec Boris Bergmann y était sans doute pour quelque chose pour l’opus précédent malgré une collaboration J. D’Anvers déjà présente. Cela remonte à janvier 2023 et deux ans plus tard le fruit du travail commun entre le natif de Pontarlier et l’auteur compositeur interprète natif de Nevers résonne comme une bombe incendiaire carrément plus blues! Rod Barthet a signé 7 morceaux, tandis que la collaboration avec Joseph D’Anvers se poursuit sur 5 titres. La présence des deux pointures de la scène blues hexagonale que sont Fred Chapellier et Neal Black ainsi que le travail d’Eric Sauviat venant confirmer mon opinion sur cet excellent opus. Rod Barthet joue des guitares, du clavier et chante, Martial Baudouin est à la basse et à la batterie. Une paire de musiciens qui accomplissent un boulot titanesque en compagnie des 3 mousquetaires de la guitare! Rod Barthet nous fait passer un super moment où la réconciliation entre la langue de René Fallet et les sonorités blues est parfaite!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, February 12th 2025

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