Soul |
Ayant commencé toute jeune à se produire sur scène, la Finlandaise Ina Forsman (née à Helsinki en 1994) fut initialement révélée par l’équivalent local de l’émission The Voice. Alors à peine âgée d’une quinzaine d’années, elle débuta sa carrière sous l’égide de son aîné et compatriote, l’harmoniciste Helge Tallqvist (avec lequel elle publia un premier album dès 2013). Représentante de son pays lors de l’édition 2014 de l’European Blues Challenge, elle y capta l’attention du bluesman belge Guy Verlinde, avec lequel elle commença à se produire de par notre Vieux Continent avant d’y être signée par Thomas Ruf sur son label teuton. C’est à Austin, Texas, que celui-ci l’expédia enregistrer un premier album sous la houlette de Kaz Kazanoff (et entourée de rien moins que Derek O’Brien et Laura Chavez aux guitares). Embarquée dès lors dans la Blues Caravan, elle récidiva avec la même team en 2019 pour “Been Meaning To Tell You” (toujours chez Ruf), avant de s’établir à Berlin et de signer sur un autre label allemand, Jazzhaus (“All There Is” en 2022). Ses performances scéniques la présentaient alors en chignons de rousse incendiaire, vêtue de longues robes de soirée diaphanes, et performant parfois dans un registre que n’aurait alors pas dédaigné Lana Del Rey. La versatilité s’avérant souvent l’apanage d’artistes en recherche d’identité, c’est sous un look de brune à frange et mini-robe rétro-psyché (évoquant la sunshine pop U.S. de la fin des sixties) qu’elle nous revient, à présent trentenaire, pour une livraison au fil de laquelle elle se réinvente en nouvelle icône soul. Dominé par une rythmique souple et lascivement funky, le “Four Seasons” d’ouverture la présente soutenue par des chœurs aériens et des arrangements de cordes, cuivres et percussions ancrés dans la variété soul de Dusty Springfield et Nancy Sinatra (où gravitent également “Stubborn” et “First Of June”). Elle poursuit ce nouveau périple entre références à la Motown de Diana Ross & The Supremes (“Pass You Bye”, “(I Can’t Believe) We Made It” et la plage titulaire) et l’âge d’or Atlantic d’Aretha Franklin (“Freedom Manifesto”, “Alone”, “Good Man” et le saisissant “As Long As It Takes”). Il n’est pas superflu de mentionner qu’elle signe seule la moitié de ces douze plages, tout en participant à l’écriture de chacune des autres. Pas moins à l’aise en ce nouveau contexte que dans ses prédécesseurs, Miss Forsman arpente ainsi de nos jours les travées empruntées avant elle par des artistes telles que Michelle David, Nicole Willis et l’éperdument regrettée Sharon Jones (l’effervescent “Mama’s Groove”). Entièrement enregistrée dans sa ville natale sous la production de Michael Bleu (et avec le renfort d’une quinzaine de musiciens locaux compétents), gageons que cette nouvelle mue ne restera pas sa dernière. En attendant, on est impatient d’en mesurer la portée sur les planches…
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, May 10th 2025
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