Americana, Folk, Jazz |
Ilene Martinez a quitté la France pour retourner aux States et son éloignement fait monter une pointe de mélancolie que ce nouvel opus renforce un peu plus encore. Car pendant les confinements de la période Covid elle a écrit et composé pas mal de chansons, toujours guitare et voix. Une parenthèse musicale en dehors du temps, en dehors de cette période étrange de confinement obligé. Pour écrire, composer, jouer, signer (et faire saigner) des chansons, pour offrir une ode à la résilience et à l’espérance qui a résonné chez les artistes et les musiciens durant cette pandémie.
Le résultat, 13 morceaux d’un americana-folk épuré et plus jazzy, le plus souvent mélancolique et signe que le retour aux States était un appel auquel elle ne pouvait plus résister, ou s’opposer. 13 chansons dont l’émotion forte qui se dégage de certains titres nous fait penser au Neil Young de ‘On the Beach’ ou à son clone français Eric Ter avec son dernier album, ‘Récidive’ (chroniqué ICI). Le binôme guitare-voix du confinement s’est enrichi ensuite avec la contribution de l’exceptionnel accordéoniste Maxime Perrin, déjà présent sur le précédent album de Ilene, ‘Reasons’ (chroniqué ICI), mais aussi de Olivier Cahours, un guitariste aussi doué que talentueux, qui a joué avec énormément de monde dans le milieu du jazz et qui signa avec Maxime Perrin un sublime album, ‘Esprit Libre’ (chroniqué ICI). Le projet de Ilene a non seulement pris forme, mais il a pris son envol, comme un oiseau libéré de la cage du confinement, y laissant toute fois une plume, en souvenir ou comme pour laisser sa marque, celle d’un talent que l’on avait forcé à rester enfermé, éloigné de la rencontre magique avec d’autres musiciens.
Le trio Ilene, Mazime et Olivier a retravaillé les chansons de Ilene en y apportant idées et créativité, laissant ici et là des espaces pour que d’autres invités puissent y apporter leur contribution. Dans ce nouvel album on retrouve ainsi quelques invités de marque, comme le clarinettiste Samuel Thézé qui signa notamment avec Maxime Perrin deux superbes albums, ‘Sessions 1’ et ‘Chemins de Traverse’ (chroniqués ICI et ICI). Un special guest qui illumine l’album de Ilene Martinez d’éclairs ponctuels qui subliment les morceaux, tout comme le fait également l’excellent trompettiste Mickael Gashe, qui était présent sur l’album ‘Hey Clockface’ de Elvis Costello, en 2020. Preuve que Ilene et ses compères ont eu des idées originales (et de génie) pour cet opus, vous entendrez Mickael jouer non seulement de la trompette et le bugle, mais aussi d’un instrument médiéval, le ‘serpent’, qui est un instrument à vent de la forme du reptile. A noter que jamais la technique des guests ne montre qu’elle oserait prendre le pas sur la voix de Ilene Martinez, et c’est là toute la force de ces musiciens, complémentaires de manière exemplaire. Cerise sur le cake, la production est impeccable, offrant un équilibre parfait entre les différents instruments et la voix de Ilene.
Avec ‘Plume’, Ilene Martinez nous propose un opus qui réserve comme à son habitude son lot de surprises et de chansons qui vont droit aux tripes, et au cœur. Car chez Ilene tout est plein de poésie et de sensibilité. Un album émouvant et souriant à la fois, indispensable, car il est des albums pour lesquels les mots sont superflus et pour lesquels seul un qualificatif peut suffire, seule une larme peut traduire la densité de sensations éprouvées à l’écoute des titres proposés. Pour cet opus-là, le qualificatif est trouvé: indispensable!
Frankie Bluesy Pfeiffer
Chief editor – PARIS-MOVE
PARIS-MOVE, September 22nd 2024
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