Groovy Rockin' Blues |
Fallait s’y attendre, le French loner ne nous a pas fait attendre trop longtemps avant de récidiver et de nous offrir ce nouvel opus dont le titre colle parfaitement avec la photo de la tronche de l’artiste comme prise au poste de police. Fallait s’y attendre, Eric Ter récidive, mais avec quelques acolytes de plus, ayant délaissé les batteries digitalisées pour privilégier la présence de vrais batteurs. Trois, en fait, sans oublier deux bassistes, Eric assurant toutes les parties de guitare et le chant. La différence avec les galettes précédentes claque d’entrée, avec une musique plus chaude, plus enveloppante, digne des premiers opus de cet énergumène dont le talent et la qualité des compos est telle qu’à une certaine époque un éditeur avait même diffusé un de ses albums sous le nom de… Mick Taylor. L’erreur, impardonnable, avait toutefois permis de souligner la qualité de l’album en question, album sur lequel figurait en special guest ni plus ni moins que Mick Taylor en personne. Et pour que le Mick en vienne à faire sonner sa gratte avec celle d’Eric, c’est bien que ce que compose notre frenchie est digne des plus grands. En l’écoutant, on penche pour un cocktail de Nick Drake et de Tom Waits (pour les paroles) pimenté à la sauce bluesy et joué par les irréductibles Jorma Kaukonen et Peter Green, ou… Mick Taylor, tout simplement. Les six cordes de Eric Ter sont toujours aussi lumineuses, caressantes ou saignantes quand il le faut. Sur ce nouvel album de 14 titres (cela vous change de ceux qui jouent ‘petit’ avec leurs 6 ou 8 titres), Eric Ter alterne les chansons en anglais et en français, le garçon n’ayant jamais décroché de son périple aux States, ce qui lui assure un chant irréprochable dans la langue d’outre-manche. Parmi les thèmes abordés dans ses chansons, on a droit à des sujets d’actualité, comme ce premier titre, ‘Sans chauffeur’, chanson dans laquelle Eric décrit sa surprise en voyant une voiture rouler sans chauffeur, chose que l’on pensait inimaginable il y a encore quelques années. La relation humaine, amoureuse, est également abordée, mais le titre qui cartonne et fait péter le plafond de verre des discours cotonneux actuels est ‘Drug Culture’, dont certains propos sont à afficher partout où c’est possible, et déjà ici, dans cette chronique. Extraits :
J’vais t’dire un truc qu’est sûr : y’a queq’ chose qui déconne
Dans cette nouvelle époque avec ses nouveaux tabous
Avec sa propagande qui vaut pas un clou.
La moraline à deux balles des nouveaux simplets
C’est pas tant qu’elle me fait mal
Mais elle me dé-
Elle me dé-
Désenchante.
Puis elle a tendance à… m’agacer un p’tit peu aussi
Lui qui était au mythique festival de l’île de Wight en ’70, fréquentait l’Olympia, a musicalement basculé avec Larry Corryel et le Mahavishnu Orchestra, fait partie de tous ceux qui ne peuvent supporter (je le re-cite) “La moraline à deux balles des nouveaux simplets“. C’est en cela que cet album est non seulement indispensable, mais vital. Pour un grand coup de balai salutaire… qui reste à faire, avec l’aide de ‘Monsieur’ Eric Ter, car :
D’abord ils sont ridicules, ça fait pas l’ombre d’un doute
Puis ils sont avec ceux qui brûlent quand ils sortent de leur secte
L’album sort en CD, bien sûr, mais aussi et surtout en édition limitée en double vinyle blanc, et c’est à se procurer impérativement avant que Mick Taylor ou un autre ne vienne récupérer ceux qui restent. Pour le dire façon chiraquienne, Putain d’album !
Frankie Bluesy Pfeiffer
Rédacteur en chef – PARIS-MOVE
PARIS-MOVE, May 6th 2024
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Eric Ter interprète une version acoustique de “Next Time” (album “Récidive”)