Americana |

Née Erin Grey Van Oosbree en Californie un certain 24 août (c’est pas nous que vous surprendrez à donner l’âge d’une Dame), Grey DeLisle ne nous a été révélée qu’il y a trois ans à peine (voir chroniques de ses précédentes parutions ICI, ICI et ICI), mais se montre depuis d’une remarquable prolixité. Cette nouvelle livraison s’avère même sa plus copieuse à ce jour, puisqu’elle n’aligne pas moins de 20 titres en près de 59 minutes. Et si les queens of country music eurent certes pour noms Patsy Cline, Tammy Wynette, Loretta Lynn, Emmylou Harris et Dolly Parton, il serait injuste (et pour tout dire un peu crétin) d’ignorer la perméabilité ayant depuis toujours existé entre ses diverses déclinaisons et le gospel, ainsi que le rockabilly. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la trajectoire de l’une des plus intensives pratiquantes de ces trois genres, la grande Wanda Jackson (suivie, bien que de loin en la matière, par Linda Gail Lewis, la propre sœur de feu le Killer), et il semble que Miss Grey participe de nos jours du même éclectisme. En dépit de son indéniable orthodoxie, la confection de cet album (à nouveau produit par le fidèle Marvin Etzioni, ex-Lone Justice) n’en a pas moins recouru aux technologies actuelles, puisque les arrangements de cordes qu’y signe Tammy Rogers (Emmylou Harris, Neil Diamond, Patty Loveless) et les cuivres dirigés par David Ralicke (Beck, Morrissey, Lucinda Williams, John Cale) naviguèrent d’un laptop à l’autre au fil de leur élaboration (de même que la pedal-steel onctueuse de l’omniprésent Greg Leisz), sous la houlette scrupuleuse de l’ingénieur du son Todd Burke (Belle And Sebastian, Ben Harper, Albert Hammond Jr). Le reste du casting comprend aussi DJ Bonebrake (drums, vibes, percussion), tandis qu’Etzioni officie pour sa part à l’orgue Hammond, au Farfisa, aux guitares et à la mandoline. Le panel se répartit de fait entre pure country aux accents délibérément 50’s & 60’s, surf-twist rétro au parfum limite girls-groups, et folk teinté d’americana. Si la plage d’ouverture (le terrassant “Hello, I’m Lonesome”) appartient de plein droit à la première catégorie (de même que “Reach For The Sky”, “Daddy, Can You Fix A Broken Heart?”, “A Promise I Can’t Keep”, “Don’t Let Go Of My Hand”, “House On Fire”, “Take Me Dancing Again” et le poignant “Red Dress” conclusif), “Who To Love” est à classer dans la seconde (de même que “Tomorrow (Without You)”, “My Darlin’ Vivian” et le “Convince Me” que Marv Entzioni destinait initialement à Roy Orbison), tandis que “A Coastal Town” relève de la troisième. Parmi les quelques titres se démarquant de cette catégorisation, on citera le Tex-Mex “Mi Vida”, les Louisiana R&B “Sister Shoot” et “I Can’t Be Kind”, les proto-néo-Byrds “Didn’t We Try” et “The Last, Last Time”, ou encore les poppy “I’m A Wreck” et “40 Something Runaway” (featuring, faut le faire, Cherrie Currie des original Runaways!). Vocaliste d’une impressionnante versatilité (que ce soit sur le plan de la performance ou celui du potentiel émotionnel), Grey DeLisle signe peut-être ici son disque le plus cohérent à ce jour. True vintage americana’s not dead!
PS: Si la référence graphique de la pochette ne vous saute pas aux mirettes, nous ne pouvons plus rien pour vous.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, March 26th 2025
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