GREY DeLISLE – She’s An Angel

Hummin'bird Records
Country, Folk, Rockabilly
GREY DeLISLE - She's An Angel

Nous vous l’avions présentée l’an dernier avec l’album de son retour aux affaires (chroniqué ICI), aussi n’allons nous pas décliner à nouveau son impressionnant curriculum. Alors que ce prédécesseur consistait (à une exception près) en une collection de reprises, Miss DeLisle nous gratifie à présent de pas moins de treize originaux pour une seule cover (le “I Really Got The Feeling” de Billy Vera), et édite le tout sur son propre label maison (d’où elle avait déjà publié son retentissant “Homewrecker” en 2002). Toujours aussi remarquablement entourée (Deke Dickerson et Eddie Clendening aux six cordes et à la production, Murry Hammond à la basse et contrebasse, ainsi que DJ Bonebrake aux drums et vibraphone – soit son usual band, The Roughhousers – augmentés d’un panel d’invités de marque parmi lesquels on signalera le grand Carl Sonny Leyland au piano, ainsi qu’une paire de pedal-steelers de premier rang), Miss Grey n’a cette fois encore rien laissé au hasard. Elle co-signe avec Clendening le vindicatif “I’ll Go Back To Denver (And You Can Go To Hell)”, dans cette veine countrybilly réminiscente de Patsy Cline, Dolly Parton et Loretta Lynn où elle excelle, avant le folky et dépouillé “Stick And Poke”, où son timbre clair et déterminé n’est sous-tendu que par un picking de guitare acoustique et le violon de Tammy Rogers. On aborde ensuite la country plus orthodoxe avec les confondants “Wasted”, “Who Bought The Boots Beside Your Bed ?” et “Everybody’s Baby”, où la pedal-steel reprend magistralement ses droits. “I Missed You” et “Big Sister” franchissent un pas de plus vers le rockabilly, avec ce picking électrique importé du bluegrass dont des guitaristes tels que Les Paul, Scotty Moore et Carl Perkins se révélèrent les hérauts. La tragique plage titulaire et “Cowboy Joe” (évoquant chacun la perte d’un enfant) rejoignent Emmylou Harris au firmament de la sensibilité country-folk. Big Sandy (alias Robert Stephen Williams) co-signe le fulgurant “I Love The Way You Think I Think”, et l’ironique slow three steps “The Dog” présente pour guest le légendaire Ray Benson (leader des mythiques Asleep At The Wheel). Pulsé au tambourin et zébré du violon alerte de Tammy Rogers, le bien intitulé “Shake That Thing” nous emmène faire un tour du côté des Appalaches, avant que “Quit Pickin’ On Me” ne conclue à point nommé au mitan des golden fifties. On n’a pas ouï vintage néo-country pré-rockab’ plus convaincant depuis Wayne Hancock et Charley Crockett. Si vous y demeuriez réfractaire par principe, il n’est que que temps de vous débarrasser de vos œillères: ce courant figure, aux côtés du blues, au cœur des racines de nos musiques actuelles favorites, bon sang!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 26th 2023

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