Sani chante Thoury – Volume 2 – “Monomaniaques”

LES DISQUES TCHOC
Chanson française
Sani chante Thoury - Volume 2 - "Monomaniaques"

On l’attendait comme le Messie, comme la blanquette de veau à l’ancienne qui attend impatiemment son paquet de Ailé, à rendre fou de jalousie le vieil Uncle Ben’s qui ne colle jamais, comme le gâteau qui attend sa cerise, comme le radeau de la Méduse qui brave courageusement les éléments déchaînés, comme la dose de pastaga qui attend que le glaçon vienne se suicider par noyade dans son verre, sans espérer un sauvetage de la vénusté Paméla Anderson et son légendaire une pièce rouge vermillon, comme pour vaincre le signe indien d’une certaine léthargie musicale, à la standardisation douteuse et sclérosée, que nous imposent pathétiquement élites, majors de l’industrie du disque et médias mainstream, aussi impliqués dans la musique qu’un vendeur de pommes d’amour à la fête à Neu-Neu ou qu’un inspecteur des finances publiques sur les traces d’un petit Mozart de la finance qui aurait perdu ses partitions et sa baguette, le volume 2 de la fabuleuse épopée, dantesque et chevaleresque, du duo hexagonal le plus classieux et le plus prolifique du rock’n’roll, devenu indissociable suite à une improbable rencontre qui matcha illico presto, entre Elvis et ses rouflaquettes, Zeus et Cupidon, comme les Everly Brothers du 21ème siècle, en quête d’un nouvel Eldorado, entre Juvisy-sur-Orge et Marseille: Je veux bien entendu parler de Daniel Sani chante Jean-William Thoury.
Intitulé sobrement Monomaniaques (au pluriel), en effet, ils sont au moins deux (Sani/Thoury) à être frappés par cette incurable psychose de fixation excessive envers un sujet unique, l’opus s’avère être dans la droite lignée mélodique du premier, mais pas que… Même si comme à l’accoutumé, on peut citer comme influences principales, sans craindre de s’attirer les foudres des musicologues en herbe, palabreurs des salons de thé et jacasseurs des réunions Tuppeware, le rock psychédélique des 60’s, stroboscope, Mary Quant et gin fizz, les caves voutées et enfumées de la rive gauche, Bijou et Ronnie Bird (principalement!), avec Serge Gainsbourg et Nino Ferrer en embuscade, prêts à bondir de nulle part, comme la maréchaussée et leurs chaussettes à clous, un jour de chassé-croisé sur la Nationale 7 au début des sixties, Alpha Roméo Giulietta Spider 1300, Renault Dauphine rutilante et Daniel Filipacchi au micro de S.L.C sur Europe n°1, faisant twister les automobilistes entre Chats et Chaussettes sous un soleil de plomb et grincer la nouvelle prothèse rotulienne de mamie Gertrude, oubliant pour quelques minutes ses douleurs articulaires, l’Arnica et les bandes Velpeau, en se prenant pour Zouzou (la twisteuse), pour Zizi (la twisteuse) Annie Cordy, pour Line Renaud twistant chez Castel, ou pour Jacqueline Taïeb qui attend 7 heures du mat’. Sans omettre de mentionner quelques riffs musclés et bien ciselés de Daniel Sani, à la manière d’un Pete Townshend ou d’un Dave Davies aux abois, égarés dans une usine désaffectée inhospitalière par une nuit glaciale de pleine lune, avec juste leurs guitares pour garder le lien avec le monde des vivants, en faisant un maximum de barouf rock ‘n’roll, afin de couvrir les hurlements des loups, le blues rugueux d’Howlin’ Wolf et les crocs des vampires au sourire Ultra Brite qui s’entrechoquent, assoiffés d’hémoglobine à bonne température.
Une énième fois, les mots de Jean-William Thoury font mouche, sa plume Sergent Major et sa machine à écrire ancestrale Remington 1930 chère à Gainsbourg, sa poésie urbaine viscérale et sous-jacente façon Vian, Sartre et Simone de Beauvoir, sa délicatesse, son esthétisme et son professionnalisme dignes d’un maître queux préparant une béarnaise, se distinguent. JWT était à la fois le Phil Spector et le Colonel Parker du légendaire power trio Bijou, son moteur à combustion et son âme damnée, il est dorénavant le Jacques Lanzmann et le Philippe Labro de Daniel Sani (Dan Imposter), chanteur impeccable et chemises nickel à la Dario Moreno, multi-instrumentiste divin, compositeur prodigieux et stupéfiant, figure de proue et docteur ès rock’n’roll de la cité phocéenne, pierre angulaire d’une évidente élégance naturelle et taulier des disques Tchoc.
Bref, avec Monomaniaques, la formidable alchimie et l’osmose inouïe entre Sani et Thoury opèrent de nouveau et prouvent, si nécessaire, que le premier opus (chroniqué ICI) n’était pas un vulgaire feu de paille, ni un aérolithe à l’espérance de vie éphémère d’un papillon. On peut même parler de chef-d’œuvre tutoyant les astres et la perfection tous azimuts. A l’écoute de cet album remarquable, je me demande inlassablement ce que branlent les grands médias et autres directeurs artistiques des majors de l’industrie du disque, au nez de musaraigne et au regard fatigué d’un poulpe agonisant sur l’étal d’un supermarché surchauffé, à part se pavaner et se montrer à Roland Garros entre deux revers liftés ou lors d’une remise de l’Ordre des Arts et des Lettres par l’incontournable Rachida Dati, qui entre deux coupes de Moët & Chandon millésimé, semble errer telle une âme en peine dans son grand Ministère de la Culture, ou comme un autochtone de Papouasie-Nouvelle-Guinée perdu dans le RER à l’heure de pointe. A quand Daniel Sani et Jean-William Thoury décorés de cette distinction en grandes pompes sous les lambris dorés, par notre ministre de l’inculture? Pardon, de la culture! Pour une fois, ce ne serait que justice!
Ça démarre sur les chapeaux de roues avec le titre Je suis le peigne dans tes cheveux, qui n’est pas signé du duo Franck Provost/ Jean Louis David, mais bien du tandem Sani/ Thoury. Arrive ensuite le titre Bikini Vichy. Une chanson obsédante qui fleure bon les sixties, Brigitte Bardot, la Madrague, Saint-Tropez et Saint-Raphaël, le hula hoop, la baie des anges, le twist des Chats Sauvages, les concours de tee-shirts mouillés, les Ford Mustang, le Cinzano Bianco on the rocks, les Lambretta, les premières Lucky Strike, les radios-crochets de Radio Monte-Carlo, le ciné de Godard, le parfum suave des filles canailles… Après J’ai caché tes chaussures du premier album, et maintenant Bikini Vichy, Daniel Sani et Jean-William Thoury seraient-ils de dangereux psychopathes monomaniaques, collectionneurs et fétichistes de plaisirs interdits et interlopes, voire de paradis artificiels et inavouables? Les fins limiers de la Police sont sur les dents et moult bikinis Vichy auraient été saisis aux domiciles respectifs des intéressés en guise de pièces à conviction. L’étau se resserre. A suivre… Je citerais pour conclure le très shakespearien Marc Antoine et bien d’autres pépites à découvrir parmi les 12 titres originaux proposés.
Bien évidemment, je qualifie avec force cet album d’ INDISPENSABLE et je le recommande vivement, même contre vents et marées, envers et contre tout! Merci à Daniel Sani et à Jean-William Thoury d’exister, tout simplement… Quoi? Moi, monomaniaque? I Don’t Need No Doctor… le parfum suave des filles canailles me ravit.

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, June 11th 2025

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“MONOMANIAQUES” est proposé en vinyle noir (33 tours, 30 cm), et en CD digipack (disque compact, gravure numérique).
– Le vinyle est abrité par une pochette en carton avec protection intérieure personnalisée sur laquelle sont imprimées toutes les paroles des chansons.
– Le CD est présenté dans une pochette en carton ouvrante (de type digipak) incluant un livret avec les textes de toutes les chansons.
– Offre spéciale: Vinyle + CD avec dédicaces! Vous recevrez les deux formats (vinyle et CD) avec une carte dédicacée par Daniel Sani et J.-W. Thoury.

Comme son titre l’indique sans ambiguïté, “MONOMANIAQUES” est enregistré, mixé et gravé en glorieuse monophonie!
Monomaniaques, c’est aussi ainsi qu’on peut caractériser ceux qui ont enregistré ce disque: de véritables obsédés, fous… de musique!

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