DANIEL SANI chante JEAN-WILLIAM THOURY

LES DISQUES TCHOC
Chanson française
Jean-William Thoury

Alors là les amis, c’est du lourd, du lourd dans le sens le plus noble du terme, sublime allégorie, avec certainement l’album le plus intéressant, le plus envoûtant et le plus excitant de cet automne maussade et pluvieux. En effet, la rencontre entre Daniel Sani alias Dan Imposter, avec Jean-William Thoury, âme spirituelle, premier de cordée et pierre angulaire du groupe Bijou, les trois mousquetaires du rock’n’roll de Juvisy-sur-Orge, Thoury étant le quatrième, le D’Artagnan de la banlieue sud sorti tout droit du roman d’Alexandre Dumas, cette heureuse rencontre disais-je, est un véritable miracle, un mystère rock qui ne sera jamais élucidé, même pas par Dana Scully et Fox Mulder de X-Files, un fait magique qui a franchi allègrement les frontières du réel, certainement engendré par une intervention divine. Daniel Sani, chanteur de rock émérite et convaincant et musicien charismatique et multi-instrumentiste de Marseille, 6 albums classieux et prometteurs à son palmarès et créateur de label associatif Les Disques Tchoc. Jean-William Thoury, manager-producteur et parolier de Bijou, il a également écrit pour Dynamite, Philippe Dauga, Marie-France, Tony Marlow, Mike Shannon et bien d’autres… Parallèlement à ses activités d’auteur de chansons dans le milieu du rock’n’roll, il a écrit de nombreux ouvrages, des biographies consacrés à Gene Vincent, Johnny Hallyday ou Serge Gainsbourg, ainsi que sur les bikers (Born To Be Wild!), tout en étant journaliste et rock critic au sein de divers médias comme Vinyle & Audio, Rock & Folk, ou encore Jukebox Magazine. Les deux esthètes que sont Sani et Thoury, sont des passionnés (entre autres styles éclectiques et électriques), d’une French Beat élégante, de la seconde moitié des années 60, lorsque la France se trémoussait irrésistiblement sur la British Invasion et que le Tout-Paris branché et festif, frétillait sur du jerk endiablé, au rythme saccadé et psychédélique, en mini-jupes dessinées par Marie Quant, en robe en métal de chez Paco Rabanne que portait à merveille Françoise Hardy, en robe vinyle de chez Courrèges et en cuissardes à la Tara King ou Brigitte Bardot, sous le stroboscopes de chez Castel ou du Bus Palladium, réveillant la rue Fontaine à l’heure du laitier, des croissants chauds au Drugstore Publicis, des Forts des Halles dans les bras de Morphée, de la choucroute au Riesling spéciale noctambules au Pied de Cochon et du quotidien France Soir première édition.
Incontestablement, cet album sonne très pop/rock du milieu des 60’s, les oubliés du rock français qu’étaient Ronnie Bird, Noël Deschamps, Jacqueline Taïeb (7 heures du matin!), Les Problèmes, Erick Saint-Laurent, Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Stella, Serge Gainsbourg (Qui est “In” Qui est “Out”), Dani, Les 5 Gentleman, les premiers disques de Christophe (Bevilacqua) le Beau Bizarre de Juvisy, Les Pollux, King Set avec Michel Jonasz, Chanson Hebdomadaire (proto-punk) de Jean-Pierre Kalfon en 1965, ou encore les premiers 45 tours de Baschung avec un “c”… Car il y a eu un avant, avec Mac-Kac, Henri Cording, Moustache, Claude Piron, Magali Noël… un avant à Johnny Hallyday, aux Chaussettes Noires et aux Chats Sauvages, soit la légendaire trilogie du rock’n’roll français, Johnny, Eddy et Dick, et bien entendu un après avec tous les artistes cités ci-dessus. Daniel Sani étant aussi un inconditionnel du groupe The Beau Brummels de San-Francisco, des Zombies, des Beatles et des Kinks…
Les douze titres originaux signés Jean-William Thoury pour les textes et Dan Imposter (Daniel Sani) pour les musiques, sont un authentique et inespéré bain de jouvence à l’ère du formatage tous azimuts des esprits chagrins et autres indécrottables béotiens et des diktats des grands médias qui dorénavant font et défont une carrière de chanteur à leur guise. Il s’agit d’un heureux et audacieux condensé de toute cette période bénie pop-rock du milieu des 60’s, sans pour autant que le duo Sani/Thoury se montre archaïque, ringardisé, voire suranné. Bien au contraire. Ce disque est actuel, contemporain, exceptionnellement moderne, tout en respectant une certaine orthodoxie et tout en rafraichissant les mémoires sélectives des plus anciens d’entre-nous et autres nostalgiques des stroboscopes hypnotisant et des tubes de Ronnie Bird, dont l’arthrose aigüe de tous ces infortunés, a rendu le jerk et le twist un peu plus difficile, au sein de leur EHPAD bien loin des soubresauts psychédéliques de la rue Fontaine des années 64/65. Bien entendu, Dan Imposter joue merveilleusement bien de tous les instruments (guitares-basse-claviers-batterie) et s’avère être un chanteur crédible, sans en faire des tonnes, d’une sobriété exemplaire, sans rechercher sempiternellement le gimmick de trop, au risque d’une altération des cordes vocales et de faire saigner les tympans de l’auditoire. Daniel a une voix suave, chaude, sexy et groovy, aux antipodes d’un Jean-Baptiste Guégan chantant sous sa douche, au grand dam de ses voisins. Les mots doux et bleus et la poésie sous-jacente de Jean-William ont fait le reste… Autour de Minuit, J’ai Caché Tes Chaussures (vidéo clip sous cette chronique), 10h06 dédié à l’iconique Nino Ferrer, En Rouge dont le scénario me fait penser à la relation controversée entre Johnny et Laeticia, allez savoir pourquoi… ou encore Pas D’Etat D’Ame qui me fait penser aux Kinks des frères Davies ou aux Dogs de Rouen période Legendary Lovers (If You Don’t Want Me No More), et biens d’autres purs joyaux en français qui composent ce remarquable opus qui tourne en boucle sur ma platine. 12 morceaux de bravoure. Le mariage de ces deux passionnés qui considèrent l’art comme une valeur essentielle, est une réussite inouïe et une extraordinaire osmose, hors des modes, hors du temps. L’addiction obsessionnelle suscitée par l’album Daniel Sani chante Jean-William Thoury, me guette dangereusement. Existe en version CD digipack + livret et vinyle 33 tours. A acquérir dans les plus brefs délais, aucun manquement ne sera toléré. Sinon, j’irai moi-même cacher vos chaussures, sans état s’âme, autour de minuit… Alors soyez au rendez-vous pour faire la nique au marasme culturel actuel. Etes-vous “in” ou êtes-vous “out”? La question posée jadis par Gainsbourg est toujours d’actualité. INDISPENSABLE ! Et c’est un euphémisme…

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, October 27th 2023

::::::::::::::::::::::::

Tracklist :
Autour de minuit
J’ai caché tes chaussures
Oublié
Il fait déjà nuit
Dis-moi des mensonges (Lie to me)
La Visiteuse du soir (sonnet 1)
10h06 (pour Nino)
Qu’est-ce que tu crois ?
En Rouge
A quoi tu penses ?
Pas d’état d’âme
La Visiteuse du soir (sonnet 2)

Contact : disques.tchoc@gmail.com

https://www.youtube.com/watch?v=wZR4F-pU0Ig