| Folk |
Paul Eluard prétendait que le hasard n’existait pas: “il n’y a jamais de coïncidences, seulement des rendez-vous”. En dépit de son caractère quelque peu brumeux, cette théorie semble cependant s’appliquer (du moins en partie) à ce premier album auto-produit de Sara June (Lamothe pour l’état civil), dont l’artwork (signé Margot Peyen) s’apparente à celui du seul effort solo d’un génie nous ayant trop tôt quittés, Chris Bell. Pilier séminal du légendaire Big Star (aux côtés du non moins mythique Alex Chilton), ce dernier n’eut droit qu’à une publication posthume de son œuvre, subséquente à son départ du groupe qu’il avait pourtant fondé (l’indispensable “I Am The Cosmos“, édité chez Rykodisc, puis Omnivore). Le massif montagneux bleuté ornant la back-sleeve du présent digipack ne peut donc manquer d’alerter le Sherlock Holmes qui sommeille en tout initié qui se respecte. On laissera à l’intéressée le soin de confirmer ou non cette connivence. Native de Moulins, Miss June (que l’on découvrit choriste auprès de ses amis de A Loaner, chroniqués ICI)) s’accompagne comme Grey De Lisle à l’autoharpe, à la guitare et à l’harmonica, pour livrer neuf compositions de son cru en anglais. Les bien intitulés “Inspiration” et “I’m On My Way” l’inscrivent dans une filiation entre Katie Melua (“I’ll Be There For You”), Jason Mraz (“The Vampire”), Joan Baez (“I’m Trying”, “Please Forgive Me”) et Nick Drake (l’instrumental titulaire). Entourée du multi-instrumentiste Stéphane Cieluch (ukulélé, basse, batterie) et de Xavier Gatepain (claviers), Sara (aurait-elle aussi choisi son pseudonyme en écho à Valerie June?) signe donc un premier essai des plus convaincants, où son timbre inspiré traduit un flux créatif dont on espère ardemment la pérennité.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, May 2nd 2025
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