MEIKO KAJI – Yadokari

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Pop
MEIKO KAJI - Yadokari

Nous avions déjà eu l’occasion de vous présenter l’actrice et chanteuse japonaise Meiko Kaji (de son vrai nom Masako Ōta), lors de la récente réédition de son “Hajiki Uta”, premier d’une série paru en 1973 sur le label nippon Teichiku (et chroniqué ICI), Publié la même année,”Yadokari” ressort à son tour, lui aussi en LP gatefold avec artwork originel (mais également en CD), remastérisé, et avec en bonus le 45 tours “Shura No Hana” (“Flower of Carnage”), repris par Tarantino pour la B.O. de son “Kill Bill”. Avec plus de 80 films au compteur (et dix fois moins de téléfilms), sa discographie n’en dénombre pas moins 17 références, dont la plupart figurent évidemment aux génériques de son abondante filmographie. Bien que chantée en hyoojungo, la plage titulaire qui ouvre cet album témoigne de l’influence prégnante des arrangements occidentaux qui dominaient la production de bandes originales destinées au cinéma à l’orée des seventies. À des orchestrations de cordes façon Michel Colombier s’ajoutent ainsi une basse rondelette, des sons de guitare électrique subtilement réverbérés et quelques bribes de synthé vintage. Le timbre flûté de Meiko n’y trahit nullement le rythme d’abattage auquel elle était alors soumise (un film toutes les deux semaines, et des sessions d’enregistrement s’enchaînant souvent aux journées de tournage, à la cadence d’une soixantaine de chansons par an). Conçu pour une fois comme un album cohérent (c’est à dire sans lien direct avec un quelconque film ou téléfilm), “Yadokari” bénéficia de l’apport d’un panel de songwriters reconnus (Yu Aku, Taiji Nakamura, Ou Yoshida, Yuji Ohno) et des arrangements subtils et variés de Koji Ryuzaki. Exception à ce dogme, deux titres issus du score de la série télé “Sengoku Rokku Hagure Kiba” (où Meiko tenait le premier rôle) révèlent ici une facture plus funky (avec wah-wah et syncopes façon Blaxploitation). Pour le reste, cordes, guitares, flûte, bois, trompette (et même à l’occasion harmonica: “Ah” et le bluesy “Kiba No Ballad”) renvoient de manière troublante à l’expansion du dolby system dans nos salles obscures, avec le paradoxal effet miroir de l’exotisme et de la familiarité (“Sunset”, “Watashi Umarete Fushiawase”, “Arijigoku”, “Kakioki”, “Aru Deai”). Si sa carrière à l’écran releva principalement du cinéma d’exploitation, la discographie de Meiko Kaji semble donc désormais vouée à une postérité bien méritée, ainsi qu’en témoigne cette nouvelle et remarquable réédition, magistralement remastérisée.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, April 22nd 2025

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