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De son véritable état civil Masako Ōta, l’actrice japonaise Meiko Kaji n’est devenue chanteuse que pour illustrer les musiques des films dont elle tenait les premiers rôles (comme Catherine Deneuve, Jeanne Moreau ou Romy Schneider chez nous). Vedette quasi-culte en Orient (et bien entendu dans son pays natal), elle fut convaincue par le compositeur des scores de ses films d’exploitation (Shunsuke Kikuchi) d’en interpréter les lyrics. Bien que peu assurée de ses propres talents en la matière, la jeunette y dispensa néanmoins d’épatantes prestations. On croirait par moment ouïr Anna Karina susurrant en japonais (“Wara No Ue”, “Onna Kawaki Uta”), Gigliola Cinquetti interprétant Ennio Morricone sur trompette mariachi (“Meikono Futebushi”) et surf-guitare sous tapis de violons et saxo langoureux (“Hizumi Moe”, “Onna Hagure Uta”), voire Nancy Sinatra ayant troqué son mentor Hazelwood pour Georges Delerue et Jean-Claude Vannier (“Onna Somuki Uta”, “Betuni Doutte Koto Demo Naishi” ou le majestueux “Hitori Kaze”). On frôle parfois le Moyen-Orient ondulatoire avec “Onna No Jumon” (aux accents égypto-turkmènes), et l’imparable “Urami Bushi”, (thème de la série “Female Prisoner Scorpion”), figura sans surprise plus tard au générique du “Kill Bill 2” de Tarantino. WeWantSounds se targue de rééditer ainsi tous les albums de Meiko Kaji initialement parus de 1972 à 1974, et l’on pourrait presque parler en la matière d’œuvre de salut public. Tout s’avère ici délicieusement suranné, voire, pour paraphraser notre regretté Arno, kitsch et pas cher… Quand elle s’avère à ce point nostalgique et familière, on appelle la world-pop de l’exotica.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 27th 2023
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Disponible en LP et CD
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