Rock |

Couple à la scène comme à la ville depuis quatre décennies, Christine et Jean-Louis Gadea n’ont cependant guère à voir avec Stone & Charden, Sonny & Cher et Johnny et Sylvie. Mais peut-être davantage avec Lux Interior et Poisin Ivy quand on y songe, si ce n’est qu’en lieu et place d’obscurs incunables rockabilly, ces deux-là cultivent plutôt un indéfectible amour du pub-rock millésimé Wilko Johnson et des Who. Résidents assumés de notre prolifique Côte d’Opale française, ils ont déjà publié maints albums et EPs (dont certains chroniqués ICI et ICI), et après “The Other Side Of Life” paru l’an dernier, ils nous gratifient cette fois de l’équivalent des “Scoops 1, 2 & 3” de leur idole Pete Townshend, en livrant pas moins de 18 démos dûment finalisées de leurs expérimentations studio. Filière High Numbers oblige, c’est par leur propre version de “Daddy Rolling Stone” qu’ils entament le menu, avant que le vernaculaire “Le Nord” ne rejoigne leur fibre Téléphone/ Starshooter/ Killer Ethyl. Par la grâce du drummer Frédéric Hembert et des guitares intriquées de Jean-Louis (ainsi que des chœurs de Christine et Sabine Loyer), “Get Out Of Your Sack” rejoint les vintage Small Faces (icônes mod d’il y a six décennies), avant que “Sœur Anne” (chantée de concert et en français par le couple Gadea) ne fustige l’hégémonie testostéronale. “This Day” et “The Little Sexy Pretty Girl” sonnent pour leur part comme des outtakes du “Ringolevio” de Little Bob (ce qui n’est pas un mince compliment), tandis que “Goodbye” exhume le latin spirit de Ritchie Valens, sax à l’appui (signé Pascal Loyer). Comme de coutume, deux titres chantés en Catalan émaillent cette livraison. “Dalt Del Montgo” ainsi que “La Rubia” nous consolent ainsi un peu de Manu Chao. Le stonien en diable “Father Rings” rappelle à point nommé Stiv Bators et Keith Richards en solo, tandis que le chaloupé “Madame Anne” en fait autant avec le “Lovers Rock” du Clash. La cover unplugged du “Baba O’Riley” qui inaugurait le mythique “Who’s Next” s’avère l’un des musts absolus de ce recueil, Totalement transfigurée (et dépouillée des bidouillages proto-électro d’époque), elle prend ici une dimension nouvelle, tout en revêtant une actualité brûlante (voir clip ci-dessous). Comme son titre l’indique, “Alcool Blues” est un mid-tempo Chicago shuffle convenu (le genre qu’investiguait AC/DC quand il se trouvait à court d’inspiration, cf. “The Jack”). En dépit de son proto-disco beat, “Roses Of Love” rehausse heureusement le niveau, avant que Christine ne rende l’hommage qui sied au “Sept Heures Du Matin” de la grande Jacqueline Taïeb (dont les Mémoires furent chroniquées ICI). La filière Who/ Problèmes repasse les plats sur le nostalgique “Tartines, Beurre et Chocolat”. Entre Ronnie Bird, Nino Ferrer et les Godfathers, l’expéditif “I’m Alive” précède enfin le “Uniplateformaté” conclusif, à équidistance de Renaud, Dutronc et Hugues Aufray via les Byrds et Dylan. Privilège de l’autoproduction, et si le rock en famille recelait en soi son propre avenir?
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, April 14th 2025
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Release party locale dimanche 27 avril 2025 à 18h au D.N.D Bar, 3 place Jeanne d’Arc à Dunkerque. Le groupe y jouera en exclusivité ces 18 nouveaux titres, avec pour une fois davantage d’interprétations en français qu’en anglais, mais aussi, comme à son habitude deux morceaux en espagnol et valencien/ catalan. L’occasion de passer une chouette fin d’après-midi, pleine de notes devant une bière (ou autre).