GILES ROBSON & JOHN PRIMER – Ten Chicago Blues Classics

Blues House Productions
Chicago Blues
GILES ROBSON & JOHN PRIMER - Ten Chicago Blues Classics

Le Chicago Blues… Aux temps reculés du British Blues Boom, et dans la foulée des Rolling Stones, Yardbirds et autres Pretty Things, le grand public blanc (du moins une part conséquente de sa jeunesse plus ou moins encanaillée) en était presque à imaginer que ce style (transposition électrifiée du delta blues rural, suite à sa migration économique de par les grandes cités du Nord) englobait à lui seul toutes les variations de cette musique. De John Mayall à Fleetwood Mac (en passant par Savoy Brown, Chicken Shack, Ainsley Dunbar Retaliation, Ten Years After, Cream et autres John Dummer Blues Band), on ne jurait alors plus en Albion que par Muddy Waters, Rice Miller, Elmore James, Jimmy Reed, Otis Rush et JB Lenoir. Au point que la génération suivante du blues britton tint à s’en démarquer, pour élargir ses références à d’autres courants (The Hoax lorgnant vers le Texas, tandis que Paul Lamb et ses Kingsnakes embrassaient dans un même mouvement Sonny Terry et George Smith, quitte à y insuffler au passage une généreuse rasade de swing). Bien peu de bluesmen britanniques parvinrent cependant à se frayer un statut en terre américaine. Harmoniciste virtuose et impétueux, Giles Robson représente en la matière l’exception qui confirme la règle. Depuis ses débuts avec The Dirty Aces (“Crooked Heart Of Mine” en 2014), puis son premier album solo (“For These Who Needs the Blues” en 2016), Giles a publié en 2019 “Don’t Give Up On the Blues” sur le prestigieux label Alligator (après avoir remporté l’année précédente un Blues Music Award, pour sa contribution au LP “Journeys To The Heart Of The Blues”, avec Joe Louis Walker et Bruce Katz). Quant à John Primer (chroniqué dans ces colonnes ICI, ICI et ICI), il fut biberonné à la source du Windy City blues: débarqué à Chicago à 17 ans (en 1963), il y fonda son premier band en 1964, avant de se joindre quatre ans plus tard à The Brotherhood (combo soul et R&B), pour intégrer en 1974 le groupe résident du fameux Theresa’s Lounge (au sein duquel il reçut l’enseignement du grand Sammy Lawhorn, ex-accompagnateur de Muddy Waters, Otis Spann, James Cotton, Big Mama Thornton et Junior Wells). Après un passage par les Chicago Blues All-Stars de Willie Dixon, il endossa en 1983 le rôle de band leader de son idole, Muddy Waters, avant de remplacer Alabama Jr Pettis au sein des Teardrops de Magic Slim (avec lesquels il tourna dans le monde entier des années durant). Ce jeune loup et ce vieux routier se rencontrèrent en 2023, à l’occasion d’une tournée au Royaume-Uni, organisée par Robson, et à laquelle participaient également d’autres Chicago Blues Legends telles que Oscar Wilson, Jimi Primetime Smith et Bob Corritore. Ils remirent le couvert l’année suivante avec une section rythmique européenne (comprenant les excellents Antoine Escalier à la basse et Pascal Delmas aux sticks), puis en simple duo. Après son propre “Seven Blues Classics” paru en juillet 2024, c’est à nouveau en tandem avec Primer que Robson propose aujourd’hui ce “Ten Chicago Blues Classics”, dont l’esprit évoque certaines sessions dépouillées de Buddy Guy avec Junior Wells. Au menu, quatre titres de Muddy Waters (“Blow Wind Blow”, “Rollin’ Stone”, “Long Distance Call” et “Got My Mojo Workin'”), trois de Little Walter (“My Babe”, “Juke” et “Last Night”), assortis du “Let Me Explain” de Rice Miller (alias Sonny Boy Williamson 2), “Dealin’ With The Devil” (du véritable Sonny Boy Williamson) et du “Bad Boy” d’Eddie Taylor. Sans l’appui d’une section rythmique, nos deux cadors se répartissent alternativement les rôles de soliste et d’accompagnateur, et le caractère spontané de leur collaboration reflète les conditions intimes de cette captation (dans une suite du Pomme d’Or Hotel de Jersey, île Anglo-Normande où réside Giles). Sans tapage ni esbroufe superflus, ces deux Maîtres de leurs instruments respectifs témoignent non seulement de leur totale imprégnation de l’art de leurs modèles, mais communiquent en sus le plaisir manifeste qu’ils prirent à l’exercice. À noter: la post-production et le mastering (impeccable) de cet album jubilatoire furent assurés par Arnaud Fradin (leader de Malted Milk), en son Mojo Hand Studio de Nantes. Du nanan, mes frères et sœurs!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, January 10th 2025

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