World electro

Après leur premier EP, “Hawa”, des centaines de dates en France, en Europe, au Canada et aux Etats-Unis et le tournage d’un Tiny Desk NPR, le trio marseillais Zar Electrik (formé en 2019) publie son premier album, co-produit par Jarring Effects et Lamastrock. Entre légèreté et message conscientisant, les textes, chantés en arabe, français et espagnol, invitent à la danse et à l’émancipation. C’est que, de l’Égypte jusqu’à la Corne de l’Afrique, le Zar constitue à l’origine un rituel de guérison. Avec sa transe électro-gnaoua (où se mélangent instruments sub-sahariens, beat numériques et voix hypnotiques), Zar Electrik propose ainsi une musique éminemment festive et enivrante. Poussant plus avant les expérimentations de formations telles que Tinariwen et Acid Arab, le guembri et l’oud qu’actionne Anass Zine se marient à la kora et aux percussions d’Arthur Péneau (“Dini”, “Chouf Enour”, “Seharane Lile”), ainsi qu’aux machines et synthés de Didier Simione, pour une fascinante fusion à laquelle participent en équité les voix des deux premiers. De la musique arabo-andalouse (“Interlude 51”) à la transe gnaoua (“Babord”, traitant en français et en arabe des périls et déchirements de l’exil, avec son clip à faire vêler Meloni, Bardella, Wauquiez et Retailleau), en passant par les trépidations gypsy-house (“Mundo Mio”), la plage titulaire (introduite en slam et en français) bifurque en arabaggamuffin housecore, d’une audace à faire se retourner dans leur Ehpad les rescapés du “Rock The Casbah” de Clash. Réconciliant avec panache souk fever et urban dancefloors, Zar Electrik nous embarque dans un trip tour à tour sensible et frénétique entre le cours Julien, le Maghreb et l’Afrique sub-saharienne. L’ONB, Gnawa Diffusion et Djeli Moussa Diawara sont bien vengés.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 20th 2025

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