Rock 'n roll |
Deuxième album pour The Jana’s, excellent groupe de Marseille, conduit tel un Rafale Supersonique de chez Dassault Aviation, par l’omnipotent et inarrêtable Dan Imposter (Daniel Sani) et la sublime JA NA, certainement la plus belle voix du rock’n’roll qui sévit avec force et détermination actuellement en France! Après le remarquable et déjà indispensable premier opus Dan Imposter Meets Jana, chroniqué ICI dans ces colonnes par votre serviteur, et toujours disponible sur le catalogue du label Les Disques Tchoc, The Jana’s récidivent de la plus belle des façons avec Come See Me, clin d’œil aux légendaires Pretty Things de Phil May et Dick Taylor, avec cet énorme standard de 1966, après que les havrais de Little Bob Story, adeptes du rock sur les docks et des pavés mouillés, en fassent eux-aussi une remarquable version en 1978. The Jana’s se sont accaparés ce succès interplanétaire des Pretty Things avec une aisance déconcertante, la détermination d’un serial killer une nuit d’Halloween, les guitares tranchantes de Dan, une rythmique d’enfer et sans trémolos dans la voix de JA NA. Je précise néanmoins que sur les 12 titres proposés, pratiquement la moitié sont des compositions originales du même acabit que les covers, comme par exemple Dirty Water des Standells de 1965, célèbre groupe de L.A de garage-rock et de rock psyché. On retrouve également Something Stupid de Carson & Gaile, titre qui sera popularisé en 1967 par Frank & Nancy Sinatra. En France, le superbe guitariste Sacha Distel en fera une version honorable la même année. Le titre Mony Mony de Tommy James and the Shondelles (1968) est magnifiquement revisité par The Jana’s, avec fougue dans une version vitaminée qui donne toute sa plénitude sur scène. Hush est un classique de 1967 écrit par Joe South pour Billy Joe Royal. Il sera aussi repris par le Deep Purple de Ritchie Blackmore (entre autres…). En France, Johnny Hallyday, époque chemises à jabot, en chantera la version dans la langue de Molière et de Victor Hugo sous le titre Mal en 1968, tandis que Little Bob Story le reprendra en 1987 sur son album Ringolevio, dans une surprenante et dynamique version qui déboite tout sur son passage. The Last Time signé de l’indélébile duo Jagger/ Richards, est bien entendu une chanson des Rolling Stones datant de 1965. Because the Night de 1978 est une chanson co-écrite par Bruce Springsteen et Patti Smith, qui sera le plus grand succès de Patti. C’était l’époque bénie et nostalgique où The Boss ne s’adonnait pas à une bouillie sonore dans les stades, mécaniquement, tel un robot rébarbatif et incontrôlable lâché dans l’arène avec ses serre-poignets de transpiration de tennisman, au détriment du feeling. Attention les amis, n’éteignez surtout pas votre platine après Because the Night, n’allez surtout pas à votre réfrigérateur vous décapsuler une Corona, et n’allez pas aux toilettes pour vous soulager d’une envie pressante et naturelle, car il y a un 13ème titre caché de The Jana’s avec le fameux Blue Suede Shoes, enregistré en 1955 et sorti en 1956, classique du mythique Carl Perkins (SUN RECORDS). Elvis Presley, Roy Brown, Eddie Cochran, Jerry Lee Lewis, Vince Taylor ou encore Hasil Adkins, etc… reprendront ce morceau de Carl Perkins. Lucky Blondo en fera une excellente version française en 1977 sur son album hommage à Elvis To Elvis From Nashville, sous le titre Les Pompes Bleues: Tu peux faire tout ce que tu veux, mais tu ne marches pas sur mes pompes en daim bleu!
Voilà, maintenant, vous pouvez allez vous décapsuler une Corona bien fraîche ou aller faire pipi, voire les deux en même temps si vous faites preuve d’un minimum d’adresse et de dextérité. Outre les qualités intrinsèques de Daniel Sani, notamment de multi-instrumentiste, de compositeur hors pair et de chanteur convaincant, qualités multiples mises en exergue sur l’album Daniel Sani chante Jean-William Thoury volume 2, Monomaniaques, chroniqué ICI, on peut citer la solide et très efficace section rythmique de The Jana’s, avec Fred Vaillant à la basse et Jean-Michel Gambino à la batterie. Dan tient-là une énorme machine de guerre avec armes de destruction massive.
Quant à la belle JA NA que dire de plus que je n’ai déjà dit ou écrit dans un récent passé. Au risque de radoter et de passer pour un Alzheimer précoce, JA NA est pour moi incontestablement la plus belle voix (féminine) du rock’n’roll de France et de Navarre. Je sais pertinemment que je vais me faire des ennemis (encore!), raviver les jalousies et autres amertumes de la part de certaines de ses consœurs et de ses contemporaines, mais je n’en ai cure.
La tessiture vocale de JA NA est exceptionnelle. Vocalement, elle peut tout se permettre, interpréter du rock’n’roll, du blues, du gospel, de la soul, avec une voix à la fois envoûtante, fascinante, irrésistible, voluptueuse, sensuelle et sauvage… JA NA est de la race des lionnes, des panthères, des princesses du rock’n’roll et du blues, entre Tina Turner, Pat Bénatar, Wanda Jackson, Bessie Smith ou encore Fabienne Shine (Shakin’ Street)… aux antipodes des apprenties chanteuses, qui couinent comme des guimbardes ou des crécelles de kermesses, à faire saigner les gencives. Je sais bien évidemment que mon jugement est et restera fort heureusement subjectif, mais je l’affirme, sans être arbitraire ni partial. Quant aux formes harmonieuses de sa beauté plastique, naturelle, insolente et troublante, entre le charme des Philippines et le mystère asiatique, JA NA n’en fait pas des caisses et n’a pas besoin de forcer le trait, ni de surjouer dans ce registre, pour ne pas sombrer dans la caricature, ni pour combler un hypothétique vide intersidéral, ni pour combler ou cacher d’éventuelles lacunes d’un organe vocal aux abonnés absents, ou un tantinet défaillant. Bien que très sexy et glamour, à faire fondre les glaciers d’Alaska et à participer activement au réchauffement climatique de la planète, JA NA a la classe des grandes artistes, le chic des grandes dames de la chanson et du rock’n’roll (pour qui j’ai les yeux de Chimène) et ne sombre jamais dans la vulgarité, ni dans la grivoiserie libidineuse tous azimuts.
Rassurez-vous mes amis, je ne veux surtout pas jouer au père la pudeur, ni au gardien de l’ordre moral, loin s’en faut, mais ce n’est pas parce que l’on joue et chante du rock, qu’il faut se vautrer corps et âme dans le subterfuge lubrique, voire interlope, tour de passe-passe du cirque Médrano, entre femmes à barbe, chiens savants entre Diabolo et Rantanplan, diseuses de bonne aventure et effeuillage à deux balles cinquante, devant un parterre de types aux bourrichons remplis d’eau chaude et au regard lugubre, entre Francis Heaulme et Emile Louis.
Album The Jana’s… INDISPENSABLE, oui!
Mais je l’avais déjà dit, non? Je crois que les prémisses d’Alzheimer frappent à ma porte…
Serge SCIBOZ
Paris-Move
PARIS-MOVE, June 20th 2025
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