Blues, Country, Folk |
Comme maints Girondins de sa région d’élection, Philippe Coudougnan (alias Raoul Ficel) est un homme de terroir et de communauté. Fidèle à lui-même (comme à ses valeurs et ses amis), rien d’étonnant à ce qu’il délivre, avec sa huitième production à ce jour (si l’on excepte sa participation au duo Big Bone & Spaghetti Leg et au Little Big Band de Flora Estel, ainsi qu’aux Vieux Briscards Du Blues avec ses potes Cadijo, Hot Pépino et Bastien Cabezon, chroniqués ICI). Family man par excellence, il a également formé un duo acoustique avec sa propre fille, Zoé (par ailleurs chanteuse et guitariste dans le groupe bordelais Country Pie). Ce sont les deux facettes de cette activité présente que propose ce “double EP”. Dans le prolongement de leur premier album commun, “The Coudougnans” (paru en 2020), la face A de ce vinyle décline cinq titres originaux et/ou réadaptés, ainsi de “Je T’avais Presque Oublié” de Melissa Carper et “Tu Es Là” de l’écrivaine Fisso Reynaud. Seule au chant et à la guitare sur le premier (avec pour soutien la contrebasse de Nicolas Dubouchet), Zoé y chante d’un timbre clair et assuré, particulièrement adapté à la veine country à laquelle elle se réfère. Son paternel prend la relève au micro et au picking sur resonator guitar pour le Piedmont rag qui suit, dans la veine des regrettés John Jackson et John Cephas. Raoul se cantonne à l’accompagnement de sa fistonne sur le folky “When The Bottle Is Empty” d’Alycia Lantagne, où son chant s’avère plus convaincant encore. Autre ami de la famille, le grand Anthony Stelmaszack enjolive à la mandoline l’enjoué “Jamais Trop Tard” que chante Raoul avec Zoé aux chœurs, épaulés dans la même veine ragtime par leurs autres comparses: le pianiste Julien Bouyssou (officiant également sur le dernier Cadijo chroniqué ICI) et Matthieu Wanderscheid à la contrebasse. Ce dernier passe à la guitare électrique sur le nostalgique “Dans Le Vent”, que Raoul dédie à son père pour y céder le micro à Lonj et Zoé. Bien que celle-ci y intervienne sur chaque plage (davantage en retrait, certes), la Face B présente cette fois Raoul en leader (même si l’on peut subodorer qu’il en réfute le terme).
Raoul Ficel embouche un harmo et empoigne une guitare électrique pour le Chicago shuffle à la Jimmy Reed “Lady Blues”. Passé à la batterie, Matthieu y assure un beat impeccable, qui s’emballe fort à propos sur l’implacable boogie-jump “J’M’Ennuie” dont Lonj assure la basse (comme sur la plupart de ces six autres plages). “Bla Bla Bla” électrifie le vaudeville-blues de formations antiques telles que les Harlem Hamfats et le Memphis Jug Band sur de savoureuses paroles en français (ainsi que la trame du “They’re Red Hot” de Robert Johnson), tandis que pour “État Limite”, la guitare de Raoul emprunte un blufunk pattern à Keziah Jones, avec le seul soutien des baguettes de Matthieu, et que “Où Aller?” mêle magistralement sonorités swamp et feeling ouest-africain, comme une jam improbable entre Tony Joe White et Ali Farka Touré. Cette seconde face se referme sur “Salut Mr. Blues” reprenant le riff de “Good Morning Little Schoolgirl”. Si l’on reconnaît un véritable bluesman à sa sincérité et son obstination, Raoul Ficel en est assurément un. Et un sacré, croyez-nous en.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, October 28th 2024
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Website Raoul Ficel – The Coudougnans