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Steve Allee – Full Circle: Une majestueuse fusion entre jazz et poésie symphonique.
Si, comme nous, vous êtes amateur de belles écritures musicales, alors vous attendiez sans doute avec une impatience fébrile le nouvel opus du compositeur et pianiste Steve Allee. Votre attente sera amplement récompensée dès le début du mois d’août avec Full Circle, un album somptueux qui met en lumière non pas un simple big band, mais bien un orchestre jazz aux accents symphoniques, dont la grandeur et la subtilité poétique dépassent largement les frontières du genre.
Full Circle est un triomphe d’orchestration, où les textures symphoniques et les idiomes jazz s’entrelacent avec une fluidité saisissante. Les arrangements sont amples sans jamais tomber dans l’excès, luxuriants tout en restant d’une grande clarté. C’est une œuvre où la beauté, le sens de l’esthétisme et la recherche de l’harmonie priment sur tout autre aspect, créant une mosaïque sonore dans laquelle chaque solo émerge comme une déclaration lyrique au cœur d’un décor mouvant et envoûtant.
L’album s’ouvre sur «Circle City», une pièce qui fait office de prologue sonore et d’invitation narrative. Dès les premières notes, Allee vous prend littéralement par la main pour vous entraîner dans un univers richement texturé, aussi somptueux que la pochette de l’album. Il y a une dimension cinématographique indéniable dans cette musique, née d’une longue carrière de plus de 35 ans, au cours de laquelle Allee s’est illustré non seulement en tant que musicien de jazz, mais aussi en tant que compositeur pour la radio, la télévision et le cinéma. Cette expérience multiple a nourri une écriture musicale très visuelle, capable d’évoquer des lieux, des atmosphères et des émotions avec une puissance rare.
Installé de longue date à Indianapolis, Steve Allee a grandi dans une ville qui a vu naître bon nombre de légendes du jazz, telles que Wes, Buddy et Monk Montgomery, Slide Hampton, J.J. Johnson, David Baker, Freddie Hubbard ou encore Melvin Rhyne. Mais plutôt que de se reposer sur cet héritage, Allee a forgé une voix artistique personnelle, respectueuse de la tradition tout en étant profondément ancrée dans la modernité.
D’un point de vue purement jazz, Full Circle respecte tous les codes du genre : le swing, les syncopes, les solos virtuoses. Mais dans ses arrangements et son exécution, l’album sonne résolument XXIe siècle. Les cuivres dansent avec une énergie contemporaine, les rythmes vibrent avec une vitalité à la fois intemporelle et nouvelle. C’est un album qui appelle les écoutes répétées, non seulement pour le plaisir qu’il procure, mais aussi pour les multiples couches et subtilités que l’on y découvre au fil du temps. Même après une dizaine d’écoutes, certaines modulations, contrepoints ou motifs rythmiques continuent de surprendre. Cette richesse, cette profondeur de composition, placent Steve Allee parmi les compositeurs les plus essentiels de notre époque, au même rang que des figures comme Gregg Hill ou Anthony Branker.
Par moments, l’architecture musicale de l’album évoque l’ampleur de Tableaux d’une exposition de Moussorgski. On retrouve cette même volonté de composer des tableaux sonores, des mouvements distincts qui suggèrent des scènes, des émotions ou des paysages. Steve Allee écrit avec une oreille de peintre, ses orchestrations ne se contentent pas de produire des sons, elles construisent des univers. Sa musique n’est pas seulement destinée à être entendue, mais véritablement vécue.
Si Full Circle est sans doute son projet le plus symphonique à ce jour, Allee possède une discographie riche et variée. Ses précédents albums en trio, Dragonfly (2008) et Colors (2007), ont révélé une complicité musicale avec le bassiste Bill Moring et le batteur Tim Horner, parfois rejoints par les saxophonistes Rich Perry et Rob Dixon. À propos de Dragonfly, le critique jazz Ken Franckling écrivait: «Du début à la fin, Dragonfly démontre clairement qu’il s’agit d’un groupe où chaque musicien trouve son interaction exaltante. Ce trio cherche à maximiser l’expérience musicale, comme le meilleur du jazz devrait le faire.»
Cet esprit d’interaction, de dialogue entre musiciens, perdure dans Full Circle, malgré l’ampleur orchestrale du projet. Les solos ne sont pas de simples parenthèses techniques: ce sont des digressions narratives, des réflexions intimes qui viennent enrichir l’histoire globale. Et bien que l’échelle ait changé, l’intimité reste palpable.
Full Circle s’impose, en définitive, comme l’un des albums de jazz les plus accomplis de l’année. Une œuvre qui bâtit un pont élégant entre jazz et musique classique, avec une grâce rare. C’est un album qui séduira autant les puristes que les auditeurs curieux, offrant à chacun quelque chose de familier tout en ouvrant des horizons inattendus.
Pour ceux qui écouteront avec un cœur et un esprit ouverts, Full Circle offre une joie transcendante, une expérience qui rappelle ce que la grande musique peut accomplir: transporter, transformer, et surtout, rassembler.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, July 15th 2025
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Musicians :
Steve Allee – Piano – Fender Rhodes – composer
John Clayton – Conductor
Saxophones & Woodwinds:
Michael Stricklin – flute, soprano & alto saxophone
Matt Pivec – clarinet, alto saxophone
Chip McNeill – clarinet & tenor saxophone
Rob Dixon – soprano & tenor saxophone
Ned Boyd – bass clarinet & baritone saxophone
Trumpets/ Flugelhorns:
Joey Tartell – lead trumpet
Derrick Gardner
Ansyn Banks
John Raymond
Jeff Conrad
Trombones:
Jim Pugh – lead trombone
Zach Granger
Rich Dole
Jared Rodin – (bass)
Russell Burge – vibes & percussion
Sandy Williams – guitar
Brian Kilgore – percussion
Jeremy Allen – bass
Steve Houghton – drums
Erin Benedict – vocals – Full Circle
Tracklist :
Circle City
The Avenue
Brothers
Zeebs
Full Circle
Ransome Place
Space
Executive Producers:
Rob Dixon
David Allee
Don & Susan Foley
Stan & Alice Hillis
Dion & Sue Wickcliff
Greg Reynolds
Chris Scanlon
Warren & Janet Ward
Indianapolis Jazz Foundation
Special thanks to:
Rob Dixon – Artistic & Educational Director, musician, educator –
Indianapolis Jazz Foundation
David Allee – Festival Director – The Jazz Kitchen, owner – Indianapolis Jazz Foundation
Marc Sciscoe – President 2024 – Indianapolis Jazz Foundation
David Westenberger – President 2025 – Indianapolis Jazz Foundation
Elaine Eckhart – Development Director – Indianapolis Jazz Foundation
LuAnn Lietz – Operations Manager, artist – Indianapolis Jazz Foundation
Kyle Long – Liner Notes – Host and Producer – WFYI Cultural Manifesto & Echoes of Indiana Avenue
Jacob Belser – recording engineer, owner Primary Sound Studios
Brendan Pearce Vaughn – Video & Editing
Mark Sheldon – Mark Sheldon Photography
Paul Yinger – Cover Art & Graphic Design – Yinger Design Group
Kate Smith – Kate Smith Promotions
Chelsea Hughey – Social Media, drummer & music educator
Michael Bloom – Michael Bloom Media Relations
Sean Imboden – Assistant producer
Judith Thomas – Deputy Mayor, Indianapolis, IN
Carol Allee – production assistant
David Murray – production assistant