Heavy blues rock |

Depuis leurs débuts voici quinze ans déjà, ces Montpelliérains figurent parmi les parangons de l’autoproduction à la française. Leader et principal compositeur, le guitariste Laurent Galichon joue également de la basse et de la batterie, et a fondé Red Beans & Pepper Sauce, où il exerce aussi les rôles de graphiste, photographe et bookeur. Il a en outre produit les deux premiers albums du groupe, “Le Gardien”, en 2010 et “Who Made The Sauce?” en 2012. Le pianiste et organiste Serge Auzier officie quant à lui depuis trois décennies au sein de nombreuses formations du Sud de la France, dans les registres allant du rock au blues, voire au métal. Jessyka Aké a étudié la musique et le chant au Centre Régional de la Chanson à Béziers, et après avoir chanté dans divers groupes locaux, a gagné la capitale pour y participer à de nombreux projets, que ce soit en lead ou en choriste. Elle a rejoint les Red Beans en 2012. Ex-drummer des Marvellous Pig Noise, Niko Sarran figure en tant que musicien ou producteur sur une quarantaine d’albums, évoluant aussi bien dans le jazz, le blues, le rock et la musique électronique que le funk et la world Music. Il s’est joint au groupe en 2014, et a produit ses albums “Hot & Spicy” (2015), “Red” (2017) et “7” (2022). C’est encore lui qui officie derrière la console et les fûts pour cette nouvelle livraison. Dernière recrue à bord, le bassiste Pierre Cordier (déjà présent sur “7”) complète l’équipage, qui accueille pour l’occasion un florilège d’invités prestigieux: depuis le légendaire Fred Wesley jusqu’à Boney Fields et Sax Gordon pour les cuivres, ainsi que Fred Chapellier, Johnny Gallagher, Manu Lanvin et Yarol Poupaud aux six cordes, sans oublier le violoniste Rabie Houti, ni le vocaliste Emmanuel Pi Djob. Et dès les “The Shadows”, “Hel” et “Another One” d’ouverture, les références du groupe se confirment: zeppeliniens en diable avec leurs ruades en cascades, l’ombre du Pourpre Profond s’y projette également via l’orgue dont Serge Auzier assaisonne copieusement le tout. Associé aux fulgurances des guitares, le timbre rauque et haut perché de Jessyka parachève ces similitudes, avant que la reprise de l’hymne de Sly & The Family Stone, “I Want To Take You Higher” ne cueille l’auditeur au plexus. Rencontre au sommet, ce brûlot funk assemble en effet, outre Wesley, Fields et Djob, rien moins que Manu Lanvin et un Yarol en plein FFF revival. Sous les coups de boutoir de Sarran et Cordier, les cuivres y pétaradent comme un 14 juillet, et les grattes défouraillent dans un entrelacs de cocottes en fusion. Où qu’il se trouve de nos jours, Larry Graham doit sans doute leur adresser un chaleureux thumbs up! Retour au Purple période “Machine Head” avec un “Same Old Story” en cavalcade (surplombé d’un solo d’orgue estampillé Jon Lord, et propulsé par un riff tournoyant typique de Blackmore), et au Zep de “Physical Graffiti” pour un “Gone In The Sand” orientalisant sur heavy beat, et featuring le violon persan de Rabie Houti. Après un détour plus que convaincant par le Hendrix déchaîné de “Crosstown Traffic” avec l’enlevé “I’m A Woman” et le Robin Trower de “Victims Of The Fury” pour “I’m Done”, les funky “Show Me Your Love” (avec Sax Gordon) et “Another Way” renvoient à quelques grandes soul sisters telles que Aretha, Tina et Betty Davis, auxquelles Jessyka n’a plus guère à envier (ce qui n’empêche nullement ses complices d’y apposer leur patte heavy seventies). C’est sur une sensible touche “Little Wing” (à laquelle participe Johnny Gallagher) que se conclut ce très bel album par “Don’t Let It Die”, démontrant que ce heavy classic-rock que cultivent avec nostalgie des média tels que Mojo, Uncut et Rock n’ Folk conserve toute sa pertinence et sa légitimité, dès lors que l’on se risque à le conjuguer au présent.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, January 28th 2025
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