Paul Brown – So Much To Say (FR review)

Shanachie – Available
Smooth Jazz
Paul Brown – So Much To Say

Paul Brown illumine le smooth jazz avec So Much to Say : un retour éblouissant d’un maître artisan.

Alors que le mois de juin s’étirait sous un soleil radieux, les espaces numériques se vidaient peu à peu, les sorties musicales passaient souvent inaperçues, et nous avons préféré patienter, attendre un moment propice pour vous parler d’un album qui en valait vraiment la peine. Aujourd’hui, en ce début juillet, nous vous emmenons à la rencontre d’un artiste dont le nom seul évoque la chaleur, le raffinement et la mélodie. Avec So Much to Say, le virtuose de la guitare et figure incontournable du smooth jazz, Paul Brown, nous offre bien plus qu’une simple bande-son estivale: il livre une œuvre finement tissée, fruit de décennies de maîtrise, de goût et de passion.

Paul Brown occupe depuis longtemps une place à part dans le monde du smooth jazz, non pas seulement comme guitariste, mais comme véritable architecte du son. Ce qui le distingue, c’est son souci presque obsessionnel du détail dans ses arrangements musicaux. Dans ce nouvel album, chaque choix sonore semble millimétré: une nappe de clavier à peine perceptible, un subtil doublement batterie-percussion, une ligne rythmique qui surgit à l’arrière-plan. À première écoute, la musique peut sembler fluide, lisse, mais en y prêtant attention, on découvre une richesse insoupçonnée, une profusion de subtilités savoureuses à chaque détour.

La quête de pureté et de perfection est une constante chez Brown, connue de tous ceux qui suivent son œuvre. Que ce soit à travers ses albums solo ou dans ses collaborations avec d’autres légendes du jazz et du R&B, son objectif est clair: atteindre un son à la fois classique et audacieux. «Depuis mon premier CD, je voulais un son jazz classique avec peu d’effets, mais enveloppé dans une texture R&B moderne, pleine de groove et d’énergie», confie-t-il. Cette philosophie habite So Much to Say, dès les premières mesures

Le morceau d’ouverture, qui donne son nom à l’album, est un groove dansant à la pulsation rock-steady, porté par des lignes de guitare claires, aériennes, mais résolument affirmées. Coécrit avec Shane Theriot (connu pour son travail avec Hall & Oates, Branford Marsalis, Dr. John), ce titre évoque avec nostalgie les grandes heures du jazz des années 70, dans l’esprit de George Benson. Paul Brown, passionné de golf, plaisante en disant que c’est «un retour» à ce style.

L’un des joyaux de l’album est sans conteste sa réinterprétation de Summertime de Gershwin, une version bluesy, funk et puissamment habitée. Déjà lancé comme premier single, ce morceau réinvente le standard avec audace. «J’adore l’idée de reprendre un classique et de le réimaginer», dit Brown. «Difficile de faire mieux qu’une chanson de Gershwin. La mélodie jaillit naturellement du morceau. J’espère que ma version fera découvrir ce classique à une nouvelle génération.»

Le reste de l’album regorge lui aussi de pépites. Paul Brown retrouve Theriot pour l’exubérant «Spill Da Beans», accompagné du saxophoniste Darren Rahn (Bob James, Najee, Kirk Franklin…). Jeffrey Smith arrange les sections instrumentales et coécrit «Vice-Versa», un titre détendu et expressif, au groove séduisant.

So Much to Say marque aussi une évolution élégante dans la carrière de Brown. On y perçoit la continuité avec l’excellent Promised Land, ou l’album précédent BPM, sur lequel il collaborait avec le bassiste Brian Bromberg et le saxophoniste Michael Paulo. Cette nouvelle production s’inscrit dans la même inspiration profonde. Brown est cette fois rejoint par des artistes de renom comme Shane Theriot, Rick Braun, Jeff Ryan ou encore Darren Rahn. Il a écrit ou coécrit presque toutes les chansons. «Quand je travaille sur un album, je compose et produis tous les jours. Parfois j’écris pour d’autres artistes, mais ces derniers temps, j’aime tellement ce que je joue que je le garde pour moi», dit-il.

Le morceau à retenir? Sans doute «My Sweet Baby»: un titre lumineux, envoûtant, à la mélodie soul douce comme du velours. Les riffs de guitare de Brown sont un véritable délice, enrichis de subtils accents percussifs. Sur «Play It Forward», la trompette de Rick Braun entre en scène: le duo Brown-Braun fonctionne à merveille, les deux musiciens se répondant dans une alchimie réjouissante.

Enfin, Brown nous offre un moment de sérénité avec la balade «Take Me As I Am», en collaboration avec le bassiste Roberto Vally (Michael Franks, Patti Austin) et le pianiste Leon Bisquera (Chaka Khan, Anita Baker…). Une conclusion délicate, presque chuchotée.

Dans un monde saturé de vitesse et de bruit, So Much to Say est un vrai trésor: une œuvre conçue avec soin, émotion et exigence. Si, comme nous, vous êtes sensibles à la poésie des mélodies soignées, aux rythmiques élégantes et aux harmonies qui vibrent longtemps après la dernière note, cet album est pour vous, un joyau tout juste extrait de son écrin.

Souhaitez-vous une playlist des meilleurs morceaux de Paul Brown, une comparaison avec d’autres artistes de smooth jazz, ou une analyse de sa technique à la guitare?

Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News

PARIS-MOVE, July 4th 2025

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Tracklist :
So Much To Say
Summertime
Vice Versa
My Sweet Baby
Play It Forward
Take Me As I Am
Spill Da Beans
Let’s Bounce
Smooth Moves
Down On My Knees
Step To It
The Get Down