Blues-Rock |
Actif sur la scène musicale canadienne depuis plus de trois décennies, Jay Moonah est surtout connu en tant qu’harmoniciste dans l’agglomération de Toronto. Il n’en a pas moins participé au fil des ans à des formations du cru telles qu’Uncle Seth et The McFlies, et ses compétences (outre celles d’auteur-compositeur-interprète) s’étendent également à la guitare rythmique, ainsi qu’à la basse, aux percussions, aux claviers et à la programmation musicale numérique. Après s’être investi dans l’animation d’une sorte de hootenanny local gravitant autour de l’ukulele (Scarborough Uke Jam), il s’est résolu à assembler un groupe de musiciens pour véhiculer son propre répertoire de compositions et de reprises, avant d’y renoncer pour revenir à la formule du one man band, sous l’ironique appellation Broke Fuse (“fusible fauché”, chroniqué ICI et ICI). Ceci ne l’empêche pas de se produire parallèlement en duo avec le guitariste Mike McKenna, ainsi qu’au sein de la formation rockabilly The Rockin’ Redcoats (toujours avec ce dernier). Né à Toronto en 1946, McKenna fit ses débuts en tant que musicien professionnel dès les mid-sixties, au sein de son propre Mike’s Trio, avant de passer lead singer au sein de Luke & The Apostles, qui connurent leur heure de gloire en ouvrant une semaine durant pour le Grateful Dead et le Jefferson Airplane, lors du séjour de ces deux formations mythiques au O’Keefe Center de Toronto en 1967. Après un bref passage par les Ugly Ducklings, on suit sa trace jusqu’au McKenna Mendelson Mainline (ensuite simplement désigné sous le nom de Mainline), puis du Downchild Blues Band et de Slidewinder (après un bref passage au sein d’une ultime formation de Guess Who). On le retrouve ensuite au sein de Diamondback et des Rockin’ Redcoats (avec Moonah, donc), et sa discographie s’étend sur plus de cinq décennies. La complicité de nos deux usual suspects saute aux tympans dès la plage titulaire qui ouvre le ban. Moonah y officie non seulement au lead vocal, mais aussi à l’harmonica, la basse, la guitare rythmique, les claviers et les percussions. Ce qui échoit à McKenna n’en est pas accessoire pour autant, puisque sa guitare saturée y dispense de méchants licks, qui se développent en traînées de kérosène dès le furieux “Thursday Night Boogie” suivant. On jurerait presque y ouïr Johnny Winter jammant avec Rory Gallagher et George Thorogood, tandis que l’harmo virtuose de Jay n’y a rien à envier à celui d’un Mark Feltham. Dans la même veine électrique, “Adria” voit Moonah cumuler son instrument à bouche et un orgue juteux, tandis que son comparse persiste à assaisonner le tout de choruses fumants. L’affaire ne s’en conclut pas moins sur le country blues acoustique “Scarborough Blues” (du nom du bled de Jay), dans l’esprit de Sonny Terry et Brownie McGhee. Une jolie carte de visite en forme d’EP 4 titres, dont la brièveté ne dément toutefois pas l’intérêt.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, February 6th 2025
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