Jazz |

Hormis Lionel Hampton, Victor Feldman, Gary Burton et Roy Ayers, on ne peut pas dire que le vibraphone se soit souvent taillé un rôle de premier plan dans le jazz contemporain (à l’exception récente de Jean-Michel Davis, Julian Loida, Jérôme Klein et Smith Dobson, chroniqués ICI, ICI, ICI et ICI). C’est pourtant le cas au fil de cet album capté en public lors de deux sets distincts (au Dachtheater de Warendorf et au Domicil de Dortmund, en Allemagne). Actif sur la scène internationale depuis près d’un demi-siècle, le vibraphoniste teuton Stefan Bauer (originaire de Recklinghausen) a étudié auprès de Tom van der Geld et Wolfgang Schlüter, et travaillé avec Doudou N’Diaye-Rose et Christoph Haberer, ainsi qu’au Zaïre, à Séoul, en Corée du Sud et au Canada (où il résida une décennie entière, avant de s’établir un temps à Brooklyn). Cet enregistrement capture la spontanéité de quatre virtuoses réunis pour la première fois: Matthew Halpin au saxophone ténor, Stefan Bauer au vibraphone, Matthias Akeo Nowak à la basse et Terry Clarke à la batterie. À deux exceptions près, toutes les compositions sont signées Bauer, et se déroulent comme des conversations entre inconnus, partageant néanmoins dans le jazz un langage commun. Tour à tour réminiscents du bop (“Piece Of Cake”), du cool (“Lonely Moments”) et du swing (“A Brooklyn Shindig”), les originaux de Stefan dévoilent son imprégnation intime de tous les âges du jazz. Introduit en solo par la basse de Nowak, le contemplatif “Zeitinseln” propose un temps suspendu furtivement parcouru des volutes du sax de Halpin, tandis que les lamelles de Bauer y sous-tendent de discrètes harmonies. Pour le “November 13” de ce dernier, elles développent une boucle hypnotique sur laquelle viennent progressivement se greffer ses complices. De la plume de David Occhipinti, le subtil “Fifth Season” introductif cède d’emblée la part belle au sax, tandis que le “Clown” de Nowak se déploie sur un remarquable be-bop drumming-pattern. En guise de conclusion, Stefan et ses amis reprennent le “Coast To Coast” qui donna son titre à l’album que ce dernier enregistra à Toronto il y a vingt-cinq ans déjà. Le sax d’Halpin lui confère des accents parkeriens, auxquels ne manque pas de rendre justice la production aux petits oignons de Terry Clarke (aussi à l’aise devant une console que derrière ses fûts). Un album dont le souffle et le rythme cardiaque témoignent d’une éclatante santé: live, ça veut effectivement dire vivant!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, September 18th 2025
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