Sasha Dobson with Peter Bernstein – Girl Talk

Autoproduction
Jazz
Sasha Dobson with Peter Bernstein - Girl Talk

Elle-même fille de musiciens de renom (la chanteuse Gail Dobson et son mari pianiste, Smith Dobson, qui accompagna des pointures du calibre de Bobby Hutcherson, Art Pepper et Red Holloway), Sasha Dobson est une poly-instrumentiste dont les collaborations ont quelque peu brouillé l’identité au cours des deux premières décennies de sa carrière. À la fois guitariste, batteuse et chanteuse, elle est ainsi successivement apparue auprès de personnalités aussi diverses que Don Was, Jay Lane, Jesse Harris, Chris Byars, Neil Young et Norah Jones (avec laquelle et Catherine Popper elle enregistra deux LPs entre 2014 et 2020, sous l’enseigne Puss N’ Boots), mais a aussi ouvert maints concerts pour la légende outlaw-country Willie Nelson, et composé quelques titres avec Bill Murray… Elle n’en tenait pas moins à revendiquer un jour son éternelle musique de cœur, et nous livre donc à présent son projet le plus personnel, en endossant enfin le rôle de jazz-singer auquel elle aspirait depuis sa plus tendre enfance. S’associant au guitariste Peter Bernstein et à son frangin Steven Bernstein (à la trompette et à la flûte), Sasha ouvre les festivités sur une bossa-jazz de son cru, “Better Days” (entre ce que Stan Getz et Jobim établirent dans ce registre), avant se s’approprier brillamment quelques standards triés sur le volet, tels “Sweet And Lonely”, “Softly As in A Morning Sunrise” de Romberg et Hammerstein (où elle scatte la mélodie d'”Eleanor Rigby”), ou encore le “Perhaps Perhaps Perhaps” d’Osvaldo Farrès (originellement intitulé “Quizas, Quizas, Quizas”, qui nous ramène en terres latines. La plage titulaire n’est autre ainsi que la version originale du “Dansez Sur Moi” de notre Nougaro national (écrit par Neil Hefti et Bobby Troup), et comme sur l’ensemble des dix titres de cette martingale, la guitare de Bernstein y étincelle d’une juste concision, ainsi que d’un swing auquel répondent les vocalises mutines de la patronne et de son amie Norah Jones, passée en voisine assurer les chœurs sur ce titre. Autre guest notable, daddy Smith Dobson intervient discrètement au vibraphone sur quelques unes de ces plages feutrées comme “Time On My Hands”. De tendres grooves tels “You’re The Death Of Me” ou “The Great City” rapprochent cet album de la tradition de female crooners telles que Helen Merrill, Anita O’Day ou Blossom Dearie (dans la veine de ce que nous proposait voici quelques mois Hillary Kole avec son “Sophisticated Lady”). Elle conclut malicieusement sur une version jazzy en diable du “These Boots Are Made For Walking” de Lee Hazelwood: essai brillamment réussi!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 4th 2021

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Sasha Dobson with Norah Jones – GIRL TALK – Official Music Video:

Sasha Dobson – The Great City – Official Music Video: