Blues

En dépit de son look proche de celui de notre affligeant Kendji Dgirac, ce nouveau venu ne doit rien à un quelconque télé-crochet. Né sur la réserve Algonquine de Kitigan Zibi, le jeune harmoniciste, chanteur et guitariste Lyle Odjick s’est imposé ces derniers mois comme l’un des talents ascendants sur la scène des clubs et festivals de la région d’Ottawa. Si le blues fut dès son origine l’expression des parias parmi les parias, son appartenance aux Nations Premières du continent Nord-Américain devrait en effet lui y valoir son rond de serviette. C’est ce que démontre à l’envi ce premier effort des plus convaincants: sur le plan sonore, on y oscille entre le J. Geils Band originel (la version “Leaving Trunk” de Sleepy John Estes, celle du “Rock This House” de Jimmy Rogers, ou encore ce tour de force instrumental que constitue “Harpin’ & Howlin”) et le British Blues Boom d’il y a plus d’un demi-siècle (le Chicago shuffle “Cut Me Loose”, le slow blues “I Wanna Hold You” évoquant Savoy Brown période Chris Youlden, l’obsédant “Devil Man’s Dues” ou l’imparable proto-Canned Heat boogie façon Groundhogs “Bad For You”, avec Tony D de Monkey Junk en guest ès adoubement). Servi par un combo ne souffrant aucun reproche, voici un premier album augurant non seulement de prestations live incendiaires, mais aussi (et surtout) d’un avenir prometteur. Blues is definitely here to stay, watch out, people!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 19th 2022

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