LOWLAND BROTHERS – Over The Fence

Underdog / Believe
Soul
LOWLAND BROTHERS - Over The Fence

On a certes connu les Walker Brothers, les Gibson Brothers, les Allman Brothers, voire même les Osmond Brothers (sans parles des Frères Jacques), mais les Lowland Brothers, c’est une autre paire de manches. De guitares notamment, mais pas que (loin de là)… Trois ans après son premier album éponyme (chroniqué ICI), le gang de Nico Duportal, Max Genouel (des Freaky Buds, chroniqués ICI) et Hugo Deviers repasse les plats. Deux des frangins initiaux (Damien Cornélis et Fabrice Bessouat) ont cédé la place à deux nouveaux (respectivement Julien Bouyssou aux claviers, et Gilles Delagrange aux baguettes), mais le concept demeure inchangé. Sur le modèle non déposé de transfuges américains tels que Eli Paperboy Reed, Eddie Hinton et Dan Auerbach, nos blancs becs français persistent à mêler les effluves terriennes d’un swamp-rock des bayous avec ceux d’une soul sudiste élevée au grain dans les abords de Muscle Shoals, Chicago et Philadelphie (le tout relevé d’une touche de psychédélisme black et vintage). Dès le “Brotherhood’s Hazy Night” introductif, nos amis nous entraînent dans le sillage de leurs ex-compagnons de label, Automatic City, dont le “Hum Drum” paru l’an dernier (et chroniqué ICI) nous faisait déambuler parmi les scores de séries B anglo-saxonnes des sixties, avec leurs beats langoureux et chœurs façon peplum. Propulsé par une basse façon Roy Budd, le single “For A While” emprunte son falsetto à Mathieu Chedid, pour une funk ballad lascive et envapée de guitares en phasing, ainsi que de cordes orientalisantes. Plus exotique encore, “Can You Hear Me?” chevauche un break-beat hip-hop nappé de touches de claviers Bollywood, et on devine dès lors que les ultimes puristes ont déjà dû quitter le navire en rase campagne. Entre Eddie 9V et le Lennon de “Mother”, “Little Big Man” et “Sound From The Attic” poussent un cran plus avant le bouchon rétro-futuriste, tant la reverb qu’y imprime Loris Marzotto évoque un improbable Phil Spector sous influence Philly Sound. Ondulant telle un anaconda éberlué explorant le baraquement de Lee Perry, la basse de Max y bénéficie d’un son pantagruélique. C’est avec la dynamique des Stylistics que produirait Swamp Dogg que “Shape Up” déroule son tapis de chœurs sur moquette luxuriante (il n’est que temps de mentionner le travail phénoménal des trois vocalistes), avant que “We Shouldn’t Be Here” n’actionne la touche “Jackie Brown” de Tarantino. On s’y représente sans peine Robert De Niro se faisant buter par le flanc à la place du mort d’une berline, tandis que la sublime Pam Grier attend son vol dans la zone d’embarcation. Le nonchalant calypso “Just A Rolling Man” rejoint le farniente auquel invite Pokey Lafarge sur son récent “Rhumba Country” (chroniqué ICI), avant que “Here Come The Shadow Heroes” et “Don’t Let Me Fall” ne ressuscitent in extremis le Curtis Mayfield de “Roots” et “Back To The World” (ce qui n’est pas rien, tout de même). Plus déterminés encore que pour son prédécesseur, nos Frères de la Côte Nantaise (et de celle d’Opale aussi) accomplissent ici un abordage sans appel… Rendons nous-y donc sans conditions.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, September 22nd 2024

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