Pop, Rock |
Comme pour célébrer le quinzième anniversaire de sa signature chez Domino (ainsi que celui de la dernière fois qu’il interpréta sur scène l’intégralité de cet album majeur de sa discographie), John Cale nous livre à présent une extended Deluxe Edition de son mythique “Paris 1919”. Initialement paru en 1973, celui-ci faisait suite à “The Academy In Peril” (chroniqué ICI), Avec son orgue omniprésent et ses arrangements orchestraux exécutés par l’UCLA Symphony Orchestra (la plage titulaire et “The Endless Plain Of Fortune”), et grâce au groove de Wilton Felder (bassiste des Crusaders) et des regrettés Richie Hayward et Lowell George (de Little Feat), cette quatrième référence de sa carrière solo s’inscrivait de plain pied dans son époque, dans la ligne du “Grand Hotel” de Procol Harum (dont Cale recruta alors délibérément le producteur, l’immense Chris Thomas). Si certaines plages s’approchent ironiquement de l’esprit du troisième Velvet Underground (celui qui suivit son éviction du groupe par un Lou Reed excédé, ainsi du pastoral “Andalucia”), d’autres s’apparentent encore à son mitigé “Vintage Violence” (ainsi du boogie “Macbeth”, ou du country-rock “Half Past France”). L’infusion du reggae dans le MOR anglo-saxon transpire également sur “Graham Greene” (souvenons-nous qu’à la même période, McCartney lui-même s’y essaya dès 1972 avec “C-Moon” en B-side de son single “Hi Hi Hi”, anticipant la cover du “I Shot The Sheriff” de Marley par Clapton). Dans la veine que n’allait pas tarder à faire fructifier Jackson Browne (lui aussi ex-amant de Nico), le chuchoté “Antarctica Starts Here” clôt l’album originel, dont cette édition fournit encore sept bonuses. Le bref (mais révélateur) “I Must Not Sniff Cocaïne” y précède une version velvetienne à souhait de “Hanky Panky Nohow” (où John s’accompagne de sa seule viole, dans l’esprit de “Venus In Furs”). Quelques anecdotiques alternate takes révèlent in fine un nouvel enregistrement, “Fever Dreams 2024: You’re A Ghost”, qu’il conviendrait donc plutôt d’ajouter à son récent “POPtical Illusions” (chroniqué ICI). Parmi les quelques scoops que nous apporte cette réédition, on apprend que Bill Payne (également claviériste de Little Feat) figure également parmi les contributeurs à ces sessions originelles (bien qu’il n’y fût jamais crédité). À un demi-siècle de distance, voici donc l’occasion de réévaluer ce classique, à l’époque évincé par le “Berlin” de son frère ennemi.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 9th 2024
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