FRASIAK – Le Tumulte Des Choses

Crocodile Productions / Sphère Distribution
Chanson rock
FRASIAK - Le Tumulte Des Choses

Le dénommé Éric Frasiak, ça fait un moment qu’on est sur sa piste (chroniques ICI, ICI, ICI et ICI). Au point qu’on pourrait même dire qu’on le suit, et de près encore. Pour son septième album studio, l’Ardennais nous la joue synthèse. Pas encore la maturité, non. Ca, c’était bon pour Ferrat, Reggiani, Barbara et autres grands aînés envers lesquels il ne cultive manifestement aucun grief… Biberonné aux Ferré, Béranger et autres Renaud qui constituèrent ses hérauts de jeunesse, il nous revient avec pour sempiternelles thématiques l’écologie (“La Colère De Greta” – Thunberg, of course), la condition animale (“Galgos”), l’amour, la culture et la poésie (“Non Essentiels”), la révolte (“Ma Jeunesse”), l’aliénation dont le confinement fut autant l’arme que le complice (“Couvre Feu”, “L’Ennemi Invisible”), la mort des amis (“L’Ordre Des Choses”, “Salut Frangin”) et la solitude du chanteur de fond (“Le Trou De Mémoire”). Tout en persistant à conspuer un showbiz qui le lui rend bien (“Trop De Mots Dans Mes Chansons”), il rend cette fois encore hommage à Léo Ferré (dont il reprenait jadis déjà “Vingt Ans”, et naguère aussi “L’Age d’Or”), avec une splendide relecture de “La Mémoire Et La Mer”. La remarquable exécution musicale et les arrangements ciselés aux petits oignons sertissent des textes toujours aussi fignolés, et si steel guitar et picking lorgnent parfois vers Mark Knopfler (“L’Amour Idiot”), et le strumming du côté de Neil Young et Béranger (le “Festival Grange”, ou encore l’adaptation du “Réver” de Mylène Farmer !), on ne peut que célébrer le véritable esprit de groupe qui anime ses accompagnateurs (Éric semble notamment avoir trouvé en Jean-Pierre Fara son propre Alarcen). S’il fut un temps (qui ne nous rajeunit guère) où l’on aurait pu le ranger sans complexe parmi la cohorte des chanteurs engagés, à présent que la tendance virerait plutôt au dégagisme, Frasiak a-t-il encore, sinon sa place, au moins  toujours un espace pour s’exprimer?.. Anachronique, vous dites? Perso, je pencherais plutôt pour anar chronique: le libertaire ou la mort. Non, Éric, t’es pas tout seul, et il semble même qu’on soit de plus en plus nombreux à crier rancœur (comme le chantait le père François). La convergence de cet album avec celui de notre Jef Kino des Hauts-de-France ne fait que confirmer l’adage selon lequel les grands esprits se rencontrent: un disque tellement d’actualité qu’il risque de vous parler encore longtemps.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 1st 2022

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