FRASIAK – Charleville

Crocodile Productions
Chanson française
FRASIAK - Charleville

Natif des Ardennes (zone économiquement sinistrée), Éric Frasiak n’est pas exactement un chanteur à succès. En près de trente ans de carrière, il a pourtant publié neuf albums, celui-ci inclus. Après un live capté à Bar-le-Duc, le voici qui rend à présent un hommage sensible à sa ville de cœur, Charleville-Mézières. Laquelle (comme Patti Smith et Bob Dylan ne l’ignorent pas) fut par ailleurs le berceau d’un certain Rimbaud. Et si l’on devine sans peine ce qui put inciter le jeune Arthur à s’échapper de ce morose chef-lieu, les mots d’Éric pour l’évoquer ravivent la nostalgie universelle de nos adolescences, elles aussi enfuies. Voire carrément enfouies, comme en témoigne le lapidaire “Un Gros Con” (dans le veine du Renaud des débuts). Fidèle à ses premières amours, Frasiak demeure sans conteste l’un des plus crédibles héritiers du regretté François Béranger, comme en attestent ici les sincères “Mon Anarchie”, “Un Truc Comme Ça” et “Bure Sur Atome”, ou encore sa reprise de “L’Espoir” de Michel Bühler. Comme Béranger, Éric Frasiak s’avère également capable de savoureuses vignettes sur notre quotidien (“Chat”), comme d'(auto)portraits aussi pertinents que drôles (“Tango Pression”, “Rhinovirus”, “Les Aujourd’hui Qui Chantent”), ainsi que de belles fulgurances poétiques (“Novembre”, “Comme Un Éclair”, “Un Faisan Sur Ma Fenêtre”). Entre steel-guitar, accordéon, guitares électriques et manouches, un album de haute tenue, tant sur le plan des textes que des arrangements, qui se referme sur une émouvante reprise de “L’Age d’Or” de Léo Ferré. Comment pourrait-on ne pas aimer Frasiak…? Il n’existe pour cela qu’une possibilité: ne pas le connaître… Vous y perdriez davantage encore que lui.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 19th 2019