| Folk-Blues |
Cinq ans après leur remarquable “Meet Me In The Middle” (chroniqué ICI), le couple que forment à la scène comme à la ville les émérites singer & guitar-picker Erin Harpe et bassiste Jim Countryman nous revient pour un hommage à l’immense Mississippi John Hurt, disparu en 1966 à l’âge de 73 ans. La longue carrière de ce songster du week-end dans sa région d’Avalon (Mississippi, donc) ne rencontra un tardif succès qu’au moment du folk-boom revival des sixties, mais son influence et son répertoire se transmettent encore de génération en génération. Si l’on dénombre ainsi parmi ses plus fameux zélateurs des artistes tels que Stefan Grossman, Rory Block et Jorma Kaukonen (ou encore, chez nous, Paul Cowley, Manu Slide, Cadijo, Julien Biget et Cisco Herzhaft), c’est par l’entremise de son guitariste de père qu’Erin découvrit dès l’enfance ce géant des six cordes acoustiques. Passionné par ce dernier, Neil Harpe en interprétait en effet maints titres en leur foyer, et comme son prédécesseur, cet album fut capté par Erin et Jim dans leur home studio de Jamaica Plain, Massachussets. S’ouvrant sur le populaire “Candy Man” (que célébrait Hot Tuna sur son premier album, le “Live At The New-Orleans House, Berkeley” de 1969) et le non moins connu “Casey Jones”, on y savoure avec délice, outre le finger-picking alerte de Madame et la basse omniprésente de Monsieur, le timbre caractéristique et un brin canaille d’une Erin à même de souligner d’une simple intonation les double-entendre de ces complaintes pas toujours si innocentes qu’il n’y paraît. La plage titulaire (“blues out on the ocean, blues out in the air/ can’t stay here no longer, but I’ve got no steamship fare”) ainsi que les moins courus “Got The Blues (Can’t Be Satisfied)” (“whiskey straight, drive the blues away/ that be the case, give me a quart today”) et “Richland Woman” côtoient “Make Me A Pallet On Your Floor” (que reprirent encore récemment Julien Biget et Margaux Liénard, chroniqués ICI), ainsi que le “Nobody’s Dirty Business” que Hurt enregistra dès 1928 pour Vocalion. Les murder tunes “Frankie & Johnny” (dont le titre est singulièrement réduit ici au premier de ces prénoms) et “Stagolee” débouchent in fine sur le bien plus jovial standard “You Are My Sunshine”. Recueil aussi singulier, fidèle et virtuose que celui dont il perpétue l’héritage, voici donc l’album que tout fan de John Hurt appréciera de déguster à satiété.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, December 10th 2025
Follow PARIS-MOVE on X
::::::::::::::::::::::::::