DOGS – 4 Of A Kind, Vol.1

Deviation Records
Rock
DOGS - 4 Of A Kind - vol.1

“Bonsoir, on s’appelle les Dogs et on vient de Rouen en Normandie!”. Tels étaient les sempiternels mots de Dominique Laboubée, leader charismatique du groupe rouennais le plus célèbre, en préambule de leurs concerts. Avant d’entrer dans le vif du sujet et d’aborder la tant attendue réédition en vinyle remastérisée, en édition limitée à 500 exemplaires et numérotée (!!), du sulfureux et très rentre dedans album des Dogs de 1998, 4 Of A Kind Vol 1, avec le regretté Dominique Laboubée (guitare-harmonica-chant), Laurent Ciron (guitare-chant), Christian Rosset (basse), et Bruno Lefaivre (batterie), je tenais en avant-propos à apporter mon témoignage personnel, avec quelques anecdotes vécues, afin de rendre un hommage appuyé à ce groupe mythique, quelles que soient les périodes et le line-up et à leur leader Dominique Laboubée, qui nous a malheureusement quittés le 9 octobre 2002, lors d’une funeste tournée aux Etats-Unis, hypothétique consécration et fantasme suprême pour les membres du groupe, exaltation qui va très vite se transformer en un effroyable cauchemar avec un scénario à l’issue dramatique, digne d’un bouquin de Zola. Le retour à la dure réalité n’en sera que plus difficile et le réveil du microcosme rock se fera avec une gueule de bois irréversible et le cœur qui saigne.

Les Dogs représentaient et représentent toujours pour moi beaucoup de souvenirs musicaux, mais leur rock‘n’roll à la fois sauvage et sophistiqué, brutal et élégant, bestial et raffiné, allait bien au-delà d’une simple relation musicale entre un groupe et un aficionado béat d’admiration. Dominique Laboubée et son gang de Rouen étaient une véritable institution, une œuvre d’art à eux seuls, le feeling et la classe à l’état pur. Au milieu des 70’s, le rock était pour les Dogs un art de vivre au quotidien et contrastait avec le manque évident de culture musicale qui gangrénait les teenagers français, un peu comme si un poème de Baudelaire, un cliché de Doisneau, une toile de Richard Hamilton, une sonate de Vivaldi, un violon Stradivarius, un piano Steinway, un thriller de Stephen King ou une œuvre pop’art avant-gardiste d’Andy Warhol, se seraient égarés entre Mont-Saint-Aignan et les quais de Seine venteux et vivifiants de Rouen.
Indubitablement, ils avaient quelque chose en plus, un petit je ne sais quoi qui fera la différence (ou l’indifférence, hélas nous sommes en France!), tout au long de leur impressionnante carrière et les portera au Panthéon des groupes de french-rock, avec leurs voisins du Havre Little Bob Story, Bijou de Juvisy-sur-Orge, Starshooter de Lyon, La Souris Déglinguée de Paname, sans oublier Ici Paris, Rockin’Rebels, Benoît Blue(s) Boy, Diesel ou encore Kalfon Rock Chaud ou Jean-Pierre Kalfon en solo qui recherchait désespérément La Meuf Du 2ème Réverbère A Droite…

Personnellement, j’ai toujours fait le parallèle (peut-être hasardeux voire erroné?) entre la singularité des Dogs et leurs ainés les Chats Sauvages avec Dick Rivers, qui dans les sixties, en bons pionniers rock‘n’twist, avaient le même état d’esprit que les rouennais: une certaine idée du rock‘n’roll et de la musique en général et un goût immodéré pour le dandysme. L’envie irrésistible de sortir des sentiers battus et du consensus ambiant, en mettant de grands coups de pied dans la fourmilière et en bousculant les pantouflards de tout poil. Le précieux leitmotiv d’aller au-delà de l’histoire, une destinée déjà écrite pour certains qui se contentent du minimum syndical, de renverser les choses, au risque de passer pour des incompris ou pour un groupe hautain et incontrôlable. Rappelez-vous de leur passage épique et indiscipliné au Golf Drouot. Avant les Dogs, les Chats niçois avaient eux-aussi connu les mêmes déboires avec monsieur Henri Leproux, Directeur du temple de la rue Drouot, suite à quelques incartades et surtout du fait de leurs origines provinciales. Le rock joué avec trop de classe pour le voisinage et moult différences par rapport à ses contemporains, n’est jamais très apprécié par le système et autres pouvoirs établis… Dans cette France giscardienne où il ne se passait rien, à part quelques flonflons et quelques ritournelles d’accordéon poussif à Chamalières, devant une Daniele Gilbert en transe chamanique. J’insiste, une France aussi soporifique qu’un symposium de Raymond Barre sur l’économie galopante au Burkina-Faso, ou un colloque de Michel Poniatowski sur la sécurité à La Courneuve. En effet, certaines personnes, béotiennes mais influentes, pouvaient faire ou défaire la carrière d’un groupe qui ne rentre pas dans un certain formatage comportemental et musical. La fureur de vivre et la rage de vaincre, tout en cultivant sa ou ses différences, sont persona non grata dans la culture française. C’est injuste, immoral à vomir son 4 heures, débectant à décrocher de son clou sa vieille Winchester, révoltant à converger baïonnette au canon vers la Bastille, mais c’est la triste réalité de l’infâme et gluant milieu du showbiz. Rivers séparé de ses Chats, quant à lui, le paiera cash durant cinquante ans malgré une voix de velours hors du commun! Et les Dogs eux-aussi seront parfois occultés par les grands médias au profit de rockeurs de pacotille et autres musiciens acnéiques et pubères, au curriculum vitae diamétralement opposé au QI de Marlène Schiappa.

A l’instar des premiers albums DECCA des Rolling Stones, ou du “Down By The Jetty” de Dr Feelgood, les premiers vinyles PHILIPS des Dogs, “Different” de 1979 et “Walking Shadows” de 1980, sonnaient très 60’s, très garage-rock, avec pour le premier opus cette superbe pochette signée Jean-Baptiste Mondino, d’une sobriété exemplaire, et pour le second, la Rickenbacker vertigineuse de Dominique.
J’adorais leur aplomb et leur éventuelle arrogance ne me gênait nullement. A mon humble avis, à l’instar de Bijou à la démarche identique, pour écouter les Dogs et assister à l’un de leurs concerts, il fallait préalablement le mériter. Ce n’était absolument pas du rock pour tout public et il fallait jouir d’un état d’esprit à tout crin pour encaisser jusqu’au plus profond de ses viscères en ébullition une telle débauche d’énergie et de feeling. C’était la condition sine qua non pour ressortir indemne de leurs concerts et pour ne pas finir sur un lit d’hôpital en urgence absolue, avec un pronostic vital engagé, ou dans un établissement de santé mentale, subjugué et fasciné, comme Bernadette Soubirous qui jadis affirmait avoir été témoin de plusieurs apparitions de la Vierge Marie dans une grotte de Lourdes. Le Souverain Pontife ayant toutefois refusé catégoriquement, de béatifier puis de canoniser les fans irréductibles des Dogs, les riffs de Dominique s’étant apparemment égarés entre Rouen et le Vatican.

Dominique Laboubée à l’allure conquérante et chevaleresque, avec son regard d’aigle royal blessé, ses chemises à jabot, ses boots pointues et le cuir usé de sa veste trois quart, représentait pour moi une sorte de poète maudit, le digne descendant d’Arthur Rimbaud, Mallarmé ou Paul Verlaine. L’un des derniers romantiques. La musique des Dogs suintait un certain raffinement, tout en tutoyant l’ivresse des profondeurs à rencontrer des sirènes et à perdre le contrôle et la voûte céleste des grands, des très grands. Les Dogs étaient inquiétants, menaçants, et cette sensation me plaisait éperdument. Ces chiens-là, n’étaient pas du style à rapporter la baballe ni à aller se coucher à la niche pour un nonosse. Ils avaient un son sorti d’une œuvre d’Orson Welles, un son si particulier jamais entendu en France, un son venu d’une forêt luxuriante et inexplorée, comme le berceau de l’humanité en Afrique du Sud ou des grottes de Patagonie. Avec des albums comme “Too Much Class For The Neighbourhood” (Epic) de 1982, considéré encore aujourd’hui par un grand nombre de spécialistes et d’observateurs comme l’un des meilleurs albums de rock français de tous les temps, avec les fameux clichés de Bruno Le Trividic, qui donnaient le ton et pratiquement le tempo de cet opus, ou encore “Legendary Lovers” l’année suivante, la formidable épopée des Dogs étant lancée à bride abattue et à l’époque.

Bien présomptueux ou un rien crédule, tel un jeune con avec rien dans le crâne, je pensais que rien ni personne ne pourrait enrayer cette belle machine de guerre, vouée corps et âme au rock‘n’roll. Le rock‘n’roll le plus dur et le plus pur, dans le sens le plus noble du terme, cela va sans dire. Hélas, les sarcasmes de la vie me donneront tort quelques années plus tard… Quelle claque! Quelle osmose! Quelle cohésion! Nos cabots de Rouen étaient motivés, les crocs acérés, comme une première ligne de rugby avant d’entrer en mêlée dans le chaudron d’Eden Park à Auckland, et de se chatouiller les arcades sourcilières avec les All Blacks, histoire de se refaire le maquillage gratis, sans avoir besoin de Rimel. Dominique Laboubée en leader charismatique, excellent auteur-compositeur, incroyable mélodiste et guitariste hors pair, Antoine Masy-Périer (Tony Truant) en lutin fou et démoniaque à la guitare rythmique et en showman survitaminé et une rythmique inébranlable à la précision chirurgicale avec Hugues Urvoy de Portzamparc à la basse et Mimi Gross à la batterie. Malgré cet indéniable talent, les ventes de leurs disques restèrent très moyennes par rapport à des groupes comme Téléphone, Indochine et compagnie, qui, en bons opportunistes, ont pris le train en marche tout en bénéficiant d’une médiatisation considérable, totalement imméritée et arbitraire par rapport aux Dogs ou à Little Bob Story qui eux, avaient mis les mains dans le cambouis, connu des galères que même Caïn n’aurait pas souhaité à son frère Abel, joué dans des endroits inhospitalier et austères où même les trains ne s’arrêtaient plus, pour prêcher inlassablement la bonne parole d’un rock‘n’roll débridé.

De toute évidence, un groupe intègre et talentueux tel que les Dogs avait décomplexé le rock français de son manque de culture musicale et de son manque de racines qui flirtait dangereusement avec un amateurisme sous-jacent et rendait le rock français inapte à l’exportation, car trop impur, trop exotique, pour nos amis anglo-saxons. Dorénavant, le rock français avec les Dogs ou Little Bob Story n’était plus une vulgaire plaisanterie, ils avaient traversé la Manche à la nage ou sur le radeau de la méduse et les groupes locaux, des Pistols aux Clash, en passant par Feelgood et Ducks Deluxe, sur les bords de la Tamise, faisaient soudainement amende honorable et la génuflexion. Les bouffeurs de cuisses de grenouille avaient investi les clubs de Londres, malgré la célèbre rhétorique de Lennon: “Le rock français c’est comme le vin anglais”. Les rockers anglais avaient tiré les premiers, mais les rockers Vikings les feront abdiquer. La première fois que j’ai vu les Dogs dans la formation “4 Of A Kind”, avec leur nouveau guitariste Laurent Ciron, c’était lors d’un concert au Havre, sous chapiteau, comme à la grande époque rock’n’roll revival des 70’s, les pieds dans la boue, les chiens policiers et le marchand de Kronenbourg tiède qui se barre avec la recette avant la fin du show, comme dans une BD de “Lucien” de Frank Margerin ou comme dans la chanson de Renaud “Les Aventures de Gérard Lambert”, car faut pas gonfler Gérard Lambert quand il répare sa mobylette. Il y avait également à l’affiche mon ami Little Bob “Piazza” (concerts organisés à Dieppe, Rouen et Le Havre par le Conseil Général de Seine-Maritime).

Les titres étaient rodés, il fallait maintenant les enregistrer, une autre paire de manches pour trouver un label lorsqu’on s’appelle les Dogs de Rouen. Pour l’instant, on ne parlera que de maquettes enregistrées dans la cave de la maison familiale en pierre de taille de la rue Martel à Mont-Saint-Aignan, une maison sortie tout droit d’une œuvre d’Edgar Allan Poe, qui regorge de secrets et d’anecdotes passionnantes. Une maison dans laquelle on va en pèlerinage, comme les gaullistes vont à Colombey-les-deux-Eglises ou comme les amateurs de tête de veau sauce gribiche vont au musée du Président Jacques Chirac de Sarran (Corrèze). La Mecque d’une certaine idée du rock’n’roll, témoin de la naissance d’un mythe, des premiers balbutiements canins, des premiers aboiements rock, vestige d’un glorieux passé. Car à Rouen il n’y a pas à tortiller, les fiertés locales sont la cathédrale Notre-Dame, le film de Pierre Granier-Deferre “Adieu Poulet” de 1975, avec Lino Ventura et Patrick Dewaere, tourné à Rouen, le film de Jean-Pierre Mocky “A Mort l’Arbitre” avec Michel Serrault et Eddy Mitchell, tourné également à Rouen, au stade Robert-Diochon, antre de la célèbre équipe des Diables Rouges, et bien entendu les Dogs! Point barre!

Lors de mes rencontres avec Dominique, ce dernier m’avoua qu’il adorait énormément les poètes du 19ème siècle comme Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, l’écrivain né à Rouen Gustave Flaubert, le dramaturge Georges Courteline, les poètes maudits comme Paul Verlaine… Dominique était vraiment un passionné de lettres et de littérature. Les Dogs avaient de multiples influences musicales: Alice Cooper, Iggy Pop et les Stooges, MC5, les Flamin’ Groovies, les Kinks, les Rolling Stones période Brian Jones, les Isley Brothers, Gene Vincent, Eddie Cochran, Lou Reed et le Velvet Underground, les Ramones, Jerry Lee Lewis, Spencer Davis Group, Chocolate Watch Band, Dr Feelgood, Johnny Burnette, les Fleshtones de Peter Zaremba, le mouvement Mersey Beat de Liverpool… Il me raconta la venue des Cramps à Rouen, de Lux Interior, de Poison Ivy, que Dominique avait côtoyés, la tournée anglaise des Dogs avec Dr Feelgood et Lee Brilleaux, un véritable gentleman lui aussi, bien trop tôt disparu, mais aussi le roi du swamp-blues de Louisiane (Bâton Rouge) Slim Harpo ou encore John Lee Hooker… Dominique m’avoua qu’il avait beaucoup de respect pour les bluesmen français Benoît Blue Boy et Patrick Verbeke, qu’il croisera souvent sur la route avec les Dogs. Comme il savait que j’étais ami avec Little Bob et fan de LBS quelques années avant les Dogs, il me parla de la petite guéguerre légendaire mise en exergue par les médias, entre les groupes de Rouen et ceux du Havre, entre les Dogs et Little Bob Story. Certes, il existait une rivalité, mais les deux groupes étaient amis et Dominique avait également beaucoup de respect pour Roberto Piazza, pour son intégrité, pour sa voix hors du commun… On avait alors convenu que la Normandie, et plus particulièrement l’axe entre Evreux, Rouen et Le Havre, était un véritable creuset en matière de véritable rock‘n’roll, avec entre autres les Dogs, Little Bob Story, Roadrunners, Marc Minelli, City Kids, les Olivensteins, Gilles Tandy, Gene Clarksville, Dominique Comont, Jérôme Soligny, Louise Féron… C’était une évidence, le rock venait de Normandie! Était-ce grâce à la proximité avec l’Angleterre? Certainement. D’ailleurs, les deux seuls groupes français à être respectés outre-Manche étaient sans conteste les Dogs et Little Bob Story!
Je me souviens que Dominique appréciait aussi Bijou, Ici Paris et les Wampas. Par contre, Noir Désir et Bertrand Cantat n’étaient pas vraiment sa tasse de thé, et les Innocents avec J.P. Nataf l’emmerdaient fortement… Aux antipodes de la folie communicative des Dogs et de leur rock débridé.
Il me parla ensuite des difficultés rencontrées pour enregistrer l’album “A Million Ways Of Killing Time”, période délicate où Michel Gross allait bientôt quitter les Dogs, suivi par Antoine. Avec le recul, je pense sincèrement que Dominique, en grand sentimental, avait été peiné, voire blessé par le départ soudain de deux membres éminents des Dogs, Mimi et Antoine, bien qu’il pût aisément comprendre leurs raisons respectives. Puis il me demanda ce que je pensais des nouveaux membres des Dogs depuis l’album “Three Is A Crowd” (sur Skydog, label du regretté Marc Zermati), de Christian Rosset, de Bruno Lefaivre et maintenant de Laurent Ciron, sur un ton faussement inquiet. Je lui répondis alors que je les avais vus en concert en trio au New-Morning à Paris et que ça déménageait grave. Que les Dogs n’avaient pas perdu leurs âmes, ni leur empreinte originelle. Que le groupe dorénavant était pourvu d’une rythmique d’enfer à la précision d’une horlogerie suisse, avec Christian et Bruno et que Laurent était un excellent guitariste qui avait musclé et euphorisé leur rock. J’aimais bien les Dogs en quatuor. De surcroît, ils avaient tous l’esprit et le profil Dogs, qualités indispensables lorsqu’on entre chez les Dogs, comme on entre en religion ou comme on s’engage dans la légion étrangère. Il fallait être sévèrement burné, avoir des tripes, du cœur et l’ADN indispensables. Bien qu’il se doutât à l’avance de ma réponse qui fusa instantanément, Dominique joua alors le gardien du temple rassuré. Il n’avait aucun doute sur le nouveau line-up du groupe à l’avenir prometteur.
Bien que conscient de son immense talent et de son potentiel, Dominique n’était pas aigri par le manque de reconnaissance des grands médias et d’une partie du public français. Il devait sans nul doute avoir conscience qu’il était passé à côté d’une immense carrière internationale, mais il gardait une certaine dignité et une indéniable lucidité. Il avait le même enthousiasme qu’à 15 ans, il avait gardé une incroyable fraîcheur mentale. Dominique était aux antipodes de toutes ces rock-stars mégalomanes et égocentriques à l’égo surdimensionné. Sa vie et son œuvre se déroulaient naturellement, sans aucun calcul. Il était habité par la véritable rock‘n’roll attitude et se foutait éperdument de savoir si la mode était d’avoir une plume dans le cul ou un piercing dans le nez. Il n’a jamais fait de concessions. Jamais!

Lorsque je me suis rendu à Rouen, entre les quais de Seine à la Place St Marc, lorsqu’une petite brise s’engouffrait sensiblement dans mes oreilles, il me semblait entendre certains classiques immortels des Dogs comme ‘”Too Much Class…”, “Little Johnny Jet” ou “If You Don’t Want Me No More”… Suis-je devenu fou ou est-ce cette bonne ville de Rouen qui est hantée par son passé rock‘n’roll? Mais c’est une certitude, à chaque fois que j’y retourne, il se passe toujours des manifestations étranges, voire des phénomènes surnaturels… Je vois des ombres et j’entends des riffs. Mais c’est vrai que les légendes ne meurent jamais et qu’elles scintilleront toujours de mille feux. Alors tous les espoirs demeurent intacts. Même les plus irréalistes, même les plus farfelus, voire les plus improbables. Quoiqu’il en soit, on ne sort jamais indemne lorsqu’on a partagé la passion des Dogs et de Dominique Laboubée. Merci à Laurent Ciron de s’être investi dans cette réédition en vinyle de “4 Of A Kind”, avec des brûlots comme “Dreadful Times”, “Dead Girls Don’t Talk”, “Back On The Horse”, ou encore la reprise de “I’m Bad” de Kim Fowley, qui produira, entre autres, la BO du film de George Lucas de 1973 “American Graffiti”.

Quelle histoire incroyable entre Laurent Ciron et les Dogs! En effet, fan de la première heure des rouennais, un jour d’octobre 1995, il décrocha son téléphone pour appeler Dominique dans la maison de Mont-Saint-Aignan et, au culot, proposa ses services en qualité de deuxième guitariste. La suite, on la connait. Sans conteste, il apporta au groupe un cachet extraordinairement époustouflant et “4 Of A Kind” est marqué du sceau Laurent Ciron. Bravo et merci au jeune label d’Annecy Deviation Records et au boulot dantesque de passionnés comme Phil Margueron, Éric Parent ou encore Bruno Labati, qui après avoir sorti le dernier et sublime album de Jean-Pierre Kalfon “Méfistofélange” (chroniqué ICI et ICI), ressuscite cet album majeur des Dogs en lui donnant une seconde vie. En attendant la suite avec le volume 2 de “4 Of A Kind”, plus des bonus en français comme “Jenny Jane” ou “La Belle Saison”…

Depuis ce funeste jour d’octobre 2002, le paysage musical, sans Dominique, n’est plus tout à fait comme avant. Plus jamais on n’entendra sa voix commencer un concert par: “Bonsoir, on s’appelle les Dogs et on vient de Rouen en Normandie”. Non, plus jamais. Dominique était un type bien, un authentique esthète. Son âme voltigeait sur des routes sinueuses et inconnues. Le rock‘n’roll existe. Je l’ai personnellement rencontré un soir d’été à Rouen, comme Robert Johnson rencontra le Diable à la croisée des chemins. Heureusement, il reste cette réédition vinyle pour faire perdurer la légende et garder la petite flamme allumée. Là où tu es, Dominique, ne prend pas froid, car on m’a dit que là-haut, les nuits étaient plutôt fraiches. Ici-bas, on ne t’oublie pas. Album INDISPENSABLE…!!!!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, May 2nd 2023

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