JEAN-PIERRE KALFON – Méfistofélange

Deviation Records / L'autre distribution
Rock Indé
JEAN-PIERRE KALFON - Méfistofélange

Nous sommes nombreux à partager des souvenirs fragmentés de Jean-Pierre Kalfon (dont une fake news annonçait récemment la mort, alors que celle de son authentique homonyme – et cadet de huit ans – l’excentrique chanteur yéyé jadis connu sous le sobriquet de Hector, remonte à 2020). C’est que, tel le Zelig ou le Forrest Gump de notre imaginaire rock hexagonal, Kalfon participa à maints de ses soubresauts (ou faudrait-il plutôt parler de sursauts?). L’acteur aux 105 films, 51 téléfilms et 22 apparitions au théâtre, n’occultera jamais à nos yeux cette figure de l’underground qui officiait aux côtés de Pierre Clémenti au sein des Crouille-Marteau, ainsi qu’au casting du long métrage proto-situ “Les Idoles” de Marc’ O, non plus que celle du hippie écolo qu’il incarnait auprès de Bulle Ogier et Valérie Lagrange dans “La Vallée” de Barbet Schroeder (B.O. signée Pink Floyd), ni celle du pub-rocker de Kalfon Rock Chaud, lors de la première édition du punk festival de Mont-de-Marsan. Désormais octogénaire, celui dont la discographie n’affichait pourtant à ce jour qu’un unique LP (“Black Minestrone”, en 1993 chez New Rose) pour une poignée de singles et EPs, nous revient subrepticement (et en forme) avec 14 titres d’un cru récent. Entre Jean-Patrick Capdevielle (“Partie de la Party”, “Plus d’États d’Âme”, “Solitaire”, “Une Main Amie”, “N’est-Elle Pas Belle”, “Train Fantôme”), Higelin circa “BBH 75” et “Irradié” (“Chope Le Cash”, “Sextoy”, “Retour Solo”, “Gypsies Rock N’Roll Band”, “Championne” ou la plage titulaire) et vintage rhythm n’ blues (l’irrésistible “Costard”, dont le répertoire d’invectives s’avère digne du capitaine Haddock), il s’est entouré pour l’occasion d’un gang de spadassins aux pedigrees certifiés, capables de défourailler à volonté. Le piano barrelhouse à foison tandis que l’orgue souffle sur les braises, et les cuivres se font reluire sans vergogne pendant que les choristes trémoussent du moneymaker, que les guitares révisent leurs Keith R. et Chuck B. respectifs, et que la rythmique donne l’impression d’être visitée par les âmes de Charlie W. et Bill W. à leur apogée. Se confirmant lyriciste de haute volée, JP (dont les textes figurent en bonus sur le livret) commente avec une acuité jamais démentie notre époque où la folie meurtrière retrousse une fois de plus ses hideuses babines (“Noire La Nuit”). Mieux qu’un banal album de retour, celui-ci témoigne de la permanence d’une verve salutaire en ce pays dominé par le bien-pensance et le politiquement bromuré: rocker un jour, rocker toujours…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 23rd 2022

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Concert au Petit Bain – Paris – le 12 décembre 2022
Adresse: Petit Bain, 7 port de la gare, 75013, Paris, France
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